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Jean Pisani-Ferry: "l’Allemagne ne prépare pas du tout son avenir"

Jean Pisani-Ferry, l’un des coauteurs du rapport franco-allemand remis la veille à Bercy, était l’invité de BFM Business.

Jean Pisani-Ferry, l’un des coauteurs du rapport franco-allemand remis la veille à Bercy, était l’invité de BFM Business. - BFM Business

Jean Pisani-Ferry, l’un des coauteurs du rapport franco-allemand remis la veille à Bercy, était l’invité de BFM Business vendredi 28 novembre. Il est notamment revenu sur la polémique autour d’un supposé gel des salaires, mais aussi sur les difficultés allemandes.

Très demandé après la remise d’un rapport aux ministres de l’Economies français et allemand, Jean-Pisani Ferry, l’un de ses coauteurs, a livré sa version des faits sur BFM Business ce vendredi. Avec, d’abord, une mise au point au sujet des fuites dans la presse allemande, qui évoquait notamment un gel des salaires pendant trois ans.

"Au moment où Der Spiegel a publié "l’information", nous étions encore en train d’écrire le rapport. C’est un journal en principe assez sérieux mais là ils ne l’ont pas été", a ainsi déclaré l’économiste.

Sur le supposé gel des salaires, "il n’a jamais été question d’autre chose que ce que nous avons mis dans le rapport. En France, nous avons une inertie de la croissance des salaires, qui date d’une période où il y avait plus de croissance, plus d’inflation. Mais ce n’est pas bon pour un pays ayant des problèmes de compétitivité", a-t-il affirmé.

"L'idée était de donner un signal"

"On souhaite tous que les salaires augmentent rapidement mais pour cela il faut que l’économie crée de quoi provoquer la hausse des salaires", a-t-il poursuivi. "Aujourd’hui, nous avons un peu peur qu’elle soit financée par les mécanismes fiscaux pour la compétitivité des entreprises (le CICE, ndlr), qui ne sont pas faits pour ça. L’idée, c’était de donner un signal. Il ne s’agit pas de geler, si des entreprises vont bien, elles peuvent augmenter les salaires".

Jean Pisani-Ferry est également revenu sur le deuxième sujet sensible, à savoir un éventuel assouplissement des 35 heures. "Nous avons toujours pensé que cela ne se situait pas dans le champ de ce rapport", a-t-il assuré. "Il y a toute une partie de l’économie allemande qui est aux 35 heures. Je trouverais ça un peu bizarre de dire que l’on ne peut pas fonctionner avec! Ce que nous avons dit, c’est qu’il fallait avoir la possibilité de négocier, de répondre à des situations, notamment lorsque les entreprises vont mal".

L’économiste a également tenu à rétablir l’équilibre, en pointant les difficultés à venir outre-Rhin. "On dit aussi des choses désagréables sur l’Allemagne, par exemple que le pays ne prépare pas du tout son avenir", selon lui. "C’est un pays qui va mieux, c’est vrai, mais c’est un pays qui vieillit et qu’est-ce qu’il fait à part réduire la dette ? Pas grand-chose. A court terme, la France a plus de problèmes que l’Allemagne mais à long terme, c’est peut-être l’inverse".

Y.D.