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Jour J pour l'Euro et de nombreuses grèves sont encore en cours

Des grèves ont lieu partout en France (image d'illustration)

Des grèves ont lieu partout en France (image d'illustration) - Georges Gobet - AFP

"La compétition commence ce vendredi 10 juin. Mais la fronde sociale contre la loi Travail continue de gronder, risquant de troubler l'événement. Tour d'horizon des principales perturbations."

L'Euro de football débute. Mais la France est encore secouée par un climat social tendu. De nombreuses grèves sont encore en cours contre la loi Travail. Des mouvements qui pourraient néanmoins se calmer dans les jours à venir puisque Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, confirmé à Reuters que Myriam El Khomri l'avait invité à le rencontrer le vendredi 17 juin. "C'est ce que nous réclamons depuis des mois, il était temps". La ministre du Travail a même déclaré: "Philippe Martinez affirme qu'il ne veut pas bloquer l'Euro de football. S'il m'indique qu'un rendez-vous cet après-midi permettrait de lever tous les blocages dans le pays, je le reçois dans la minute".

SNCF et RATP

Malgré un accord, mardi, consacrant le régime de travail actuel à la SNCF, la grève lancée par la CGT-Cheminots, SUD-Rail et FO (non représentatif) pour défendre les conditions de travail des cheminots et demander le retrait du projet de loi Travail, a été reconduite jusqu'à vendredi pour une dixième journée. Quatre TGV sur 5, 7 TER sur 10, 1 Transilien et 1 Intercités sur 2 sont annoncés pour vendredi.

Alors que des milliers de supporters sont attendus vendredi soir au stade de France pour le match France-Roumanie, des perturbations sont prévues sur les RER B et D, qui le desservent. Le mouvement de grève sur le RER D est d'ailleurs reconduit jusqu'à lundi. La SNCF a néanmoins prévu d'assurer des navettes fréquentes entre Paris et le stade. Interrogé sur de possibles réquisitions de personnel, le gouvernement n'a rien exclu.

Déchets 

Éboueurs, agents territoriaux, chauffeurs de camions-bennes en grève perturbent depuis plus de dix jours les principaux sites de la région parisienne dont le plus important, Ivry-sur-Seine/Paris 13, en grève continue depuis douze jours, qui traite d'habitude 1.800 tonnes d'ordures ménagères par jour. Jeudi, les personnels et agents de la Ville de Paris qui bloquent cette usine d'incinération ont décidé de reconduire leur grève jusqu'à mardi, journée de manifestation nationale contre la loi El Khomri.

Des blocages temporaires continuent dans trois autres sites parisiens, où les piquets de grève ont été délogés par les forces de l'ordre à plusieurs reprises. La collecte des poubelles, très perturbée à Paris où les ordures ont commencé à s'amonceler dans une dizaine d'arrondissements, risque d'être encore ralentie par la grève massive des chauffeurs des principaux garages de camions-bennes de la Ville de Paris. La mairie a annoncé le "redéploiement" du dispositif de collecte en faisant appel à des entreprises privées. Des blocages touchent aussi Marseille (Fos-sur-Mer), l'Ariège, les Hautes-Pyrénées.

Terminaux pétroliers du Havre (CIM)

Pilier de la contestation, le personnel a reconduit mercredi sa grève pour 48 heures et perturbe depuis 18 jours l'approvisionnement des raffineries et des aéroports parisiens. Depuis le 27 mai toutefois, un service minimum, sur injonction du Premier ministre, est assuré par 17 cadres qui travaillent et dorment sur place. Ils assurent le pompage dans des réservoirs de stockage pour alimenter en brut la raffinerie ExxonMobil de Port-Jérôme-Gravenchon, et en kérosène et gazole les aéroports. La CIM alimente en brut les deux premières raffineries de France: celles de Total à Gonfreville-L'Orcher et d'ExxonMobil à Port-Jérôme (région havraise), ainsi que celle de Total à Grandpuits (Seine-et-Marne). 40% du brut importé par la France passe par les terminaux de la CIM.

Initiatives locales

Les opposants multiplient les blocages temporaires de routes, ports, écluses, perturbent la distribution du courant, ont bloqué les accès au marché de Rungis, le port de Lyon, des voies ferrées à Annecy, Toulouse, Saint-Nazaire, le périphérique nantais... Dans l'énergie, des débrayages dans plusieurs centrales ont généré une légère baisse de la production jeudi, et la CGT, qui a appelé ses militants à amplifier le mouvement, revendique avoir basculé plusieurs centaines de milliers de compteurs en heures creuses.

Air France 

Loin de la fronde contre la loi Travail, les pilotes d'Air France sont eux aussi appelés à déserter leurs cockpits au moment de l'Euro, de samedi à mardi. La compagnie prévoit d'assurer 80% de ses vols samedi. Dans le détail, Air France annonce le maintien de "plus de 90%" des vols long-courriers, "90%" des vols intérieurs et "autour de 75%" des vols moyen-courriers de et vers Paris Charles-de-Gaulle, sans exclure "des annulations et des retards de dernière minute". Elle estime le coût de la grève entre 5 et 6 millions d'euros par jour. En 2014, une grève unitaire des pilotes contre l'essor de la filiale low cost Transavia, avait cloué au sol la moitié des vols durant deux semaines.

La question du partage des activités long-courrier entre Air France et KLM, ainsi que l'emploi et les rémunérations des salariés du groupe, sont au coeur du conflit.

Air France a démenti chercher, à la demande de ses pilotes, à faire désormais partir de Paris certains avions de sa filiale néerlandaise KLM qui décollaient jusqu'alors d'Amsterdam, afin d'éviter une grève pendant l'Euro.

D. L. avec AFP