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L'appel à manifester des retraités n'a pas mobilisé les foules

À Paris, quelques milliers de personnes ont pris part au défilé dans l'après-midi .

À Paris, quelques milliers de personnes ont pris part au défilé dans l'après-midi . - Christophe Archambault - AFP

Les organisateurs estiment qu'ils étaient 10.000 dans la capitale, 3.300 selon la police. Environ 2.000 personnes ont manifesté à Bordeaux, 1.200 à Lille, 900 à Caen, 850 à Toulouse et environ 700 à Brest ou Nancy, selon les chiffres officiels.

"On nous demande encore un effort" alors qu'"on n'est pas des nantis": quelques milliers de retraités s'estimant "maltraités" ont manifesté jeudi à Paris et en région contre la hausse de la CSG en 2018 pour une majorité d'entre eux. À l'appel de neuf organisations et associations de retraités, les cortèges en régions ont rassemblé "trois fois plus de monde" que lors des précédentes mobilisations annuelles des retraités, selon Gérard Gourguechon (Solidaires).

Environ 2000 personnes ont manifesté à Bordeaux, 1200 à Lille, 900 à Caen, 850 à Toulouse et environ 700 à Brest ou Nancy, selon les chiffres officiels. À Rouen, ils étaient près d'un millier, et encore quelques centaines à Rennes, Reims, Épinal, Strasbourg et Besançon. À Paris, quelques milliers de personnes ont pris part au défilé dans l'après-midi (entre 3.300 selon la police et 10.000 d'après les organisateurs). "Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, on n'en veut pas de cette société là", scandaient des manifestants au départ de l'opéra Garnier.

"On n'est pas des nantis"

Des banderoles portaient les mentions de "voleurs" ou "CSG, retraite, Macron=racket". "Retraités maltraités", disaient des pancartes. Interrogé à Bordeaux, André Lafon, retraité (CGT) de La Poste, a fait ses calculs: la hausse en 2018 de la CSG (contribution sociale généralisée) va représenter pour lui qui touche 1.200 euros par mois "25 euros de prélèvement supplémentaire, soit 300 euros par an, ce qui n'est pas rien".

"On n'est pas des nantis (...) et on est encore en train de nous pomper", grogne dans le cortège rémois Danielle Bonfils, ex-secrétaire qui, avec moins de 1.500 euros de pension et un fils handicapé à aider, confie qu'"à la fin du mois, c'est ric-rac".

8 millions de personnes

Près de 60% de retraités, soit 8 millions de personnes, seront touchés l'an prochain par l'augmentation de 1,7 point (+26%) du taux normal de la CSG. La mesure doit servir à compenser la suppression des cotisations chômage et maladie pour les salariés du secteur privé. Un "effort" demandé par Emmanuel Macron aux "retraités les plus aisés" pour "récompenser le travail" en redonnant du pouvoir d'achat aux actifs.

Elle ne concerne pas les 40% plus modestes, exonérés ou soumis à la CSG à taux réduit. "Il paraît qu'il faut redistribuer vers les forces productives qui créent des richesses mais les retraités en créent: ils aident leurs enfants, vont au restaurant, alimentent le secteur hôtelier, font du bénévolat ou des dons aux associations...", énumère Michel, un retraité lillois.

Un décalage de trois mois pour la revalorisation

Le relèvement au 1er octobre de 0,8% des pensions "ne fait que compenser l'inflation des seuls 12 derniers mois", déplorent par ailleurs les organisateurs, syndicats de retraités (CGT, FO, CGC, CFTC, FSU, Solidaires, FGR) et associations (UNRPA, LSR).

Les manifestants ont pu aussi découvrir jeudi que cette revalorisation annuelle suivant l'inflation serait à partir de l'an prochain décalée de trois mois, pour tomber chaque 1er janvier. L'économie de 400 millions d'euros réalisée "permet de reverser 500 millions d'euros, sur les deux ans et demi, à la revalorisation du minimum vieillesse", a expliqué la ministre de la Santé Agnès Buzyn. Le minimum vieillesse va augmenter de 100 euros en trois fois, "nous avons souhaité faire un effort particulier pour les retraités les plus pauvres", a dit la ministre.

D. L. avec AFP