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L'atypique méthode de recrutement d'OVH, champion français du cloud

"Personnellement, je regarde si j’ai envie de travailler avec le candidat, s’il peut me faire grandir, s’il saura grandir dans l’entreprise" explique Octave Klaba, PDG d'OVH, pour expliquer le choix des collaborateurs de l'entreprise.

"Personnellement, je regarde si j’ai envie de travailler avec le candidat, s’il peut me faire grandir, s’il saura grandir dans l’entreprise" explique Octave Klaba, PDG d'OVH, pour expliquer le choix des collaborateurs de l'entreprise. - Philippe Hughen-AFP

INTERVIEW. Octave Klaba, président et fondateur d'OVH a prévu d'embaucher deux personnes par jour en 2017. Son process sort de l'ordinaire car il veut garder l'esprit "start up" même si son entreprise est devenue une ETI reconnue.

En 2016, OVH a décroché la palme des levées de fonds dans la tech française: 250 millions d'euros au bas mot. Sa croissance est donc assurée sur le plan financier. Mais il lui faut maintenant recruter à un rythme impressionnant pour une entreprise de taille intermédiaire (ETI). En moyenne, cette année, elle va devoir intégrer dans ses effectifs plus de deux collaborateurs par jour. Avec 800 embauches prévues, cette ETI originaire du Nord va en effet augmenter de 50% son effectif actuel de 1.500 salariés. Son PDG, Octave Klaba, suit de près le processus de recrutement, au cours duquel il lui arrive de s'impliquer directement. Confronté à la concurrence sur le recrutement des informaticiens et des développeurs, ce spécialiste du cloud et de l'hébergement d'applications, revendique un turn-over de son effectif plus faible, grâce à une gestion "humaine" de ses équipes.

Comment peut-on trouver tous les jours de nouveaux talents?

Octave Klaba : Les équipes chargées des recrutements grandissent de plus en plus, en France et à l’international. Elles sont très actives et vont au-devant des candidats en participant à des salons et forums dédiés à l’emploi, en organisant des speed dating ou en utilisant Linkedin. Le but est de rencontrer un maximum de personnes.

Avez-vous un processus de recrutement spécifique pour embaucher les compétences qui vous sont nécessaires?

Nous regardons deux points principaux chez tous les candidats : l’état d’esprit et la compétence. Sur le premier point, il n’y a aucun compromis possible et on ne prend aucun risque. Personnellement, je regarde si j’ai envie de travailler avec le candidat, s’il peut me faire grandir, s’il saura grandir dans l’entreprise. J’observe aussi sa capacité à travailler en équipe. Ce qui m’intéresse le plus, ce sont les motivations profondes de chacun, car j’essaie d’imaginer le poste où la personne serait le mieux chez OVH. J’ai personnellement l’occasion de faire passer certains entretiens le midi, à la cantine en mangeant, et avec les équipes où sera potentiellement intégré le candidat. On fait une sorte de réunion et je regarde si le groupe fonctionne. Puis on débriefe ensemble. Sur la compétence, deux choses sont importantes : les capacités d’apprentissage et de remise en question.

Pourquoi ériger la capacité à se remettre en question en vertu cardinale?

On vit dans un monde qui bouge chaque matin et on est très souvent amenés à jeter à la poubelle tout ce que nous avons déjà réalisé ou imaginé -même si ça marche bien- pour tout recommencer, mais autrement. Or, cette incertitude ne doit pas être ressentie comme un stress ou une fatigue, mais comme une excitation, une aventure. Et donc je ne travaille pas avec ceux qui savent tout et ont une réponse à tout, ou ceux qui ont peur du changement. Je garde ceux qui posent les bonnes questions, ceux qui ont de nouvelles idées, et surtout ceux qui vont provoquer le changement.

Comment OVH gère-t-il le turn-over des salariés qui, dans le secteur IT, peut freiner la croissance?

Notre turn-over naturel est très faible si on le compare à d’autres entreprises de notre secteur. Je voulais créer une entreprise que j’aurais moi-même bien voulu intégrer. Où l'on travaille sérieusement, sans se prendre au sérieux. Je reste mon propre baromètre pour déterminer le niveau du fun chez OVH. Dernièrement, j’ai demandé à mettre en place des semaines "cool" pour souffler entre deux cycles de projets. Pourquoi ? Car je ne voyais pas assez de sourire sur le visage de mes équipes. En effet, on venait de passer une année incroyable où toutes les équipes ont donné énormément. On en a profité pour faire des "vis ma vie "/"meet my job" entre les équipes, des conférences en interne, des micro-événements entre les équipes, des tournois de sport dans le campus à Roubaix et dans les filiales. Puis trois à quatre semaines plus tard, on s’est remis au travail tout naturellement.

Combien allez-vous embaucher de collaborateurs cette année?

Nous prévoyons d’embaucher pas moins de 200 ingénieurs, développeurs de logiciels, experts technologiques, sur un total de près de 800 nouveaux collaborateurs. Pour les accueillir, les intégrer à l’entreprise, puis les faire évoluer au cours de leur carrière chez nous, nous avons créé notre propre "training center". C’est là que l’ensemble des nouvelles recrues passent leur première semaine d’intégration. Les collaborateurs y sont aussi régulièrement formés aux dernières technologies disponibles, dans une logique de développement continu des compétences et de partage des savoirs.

Propos recueillis par Frédéric Bergé

OVH vise 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2021

Grâce aux fonds de 250 millions d'euros levés en 2016, tout en permettant aux fondateurs restant majoritaires, OVH va accélérer son développement à l'étranger. "J’ai souhaité qu’OVH accélère encore et qu’on devienne un fournisseur de cloud avec une présence mondiale, en 18 mois. Nous avons donc conçu un nouveau plan d’investissement de 800 millions d’euros supplémentaires pour construire de nouveaux datacenters. Dans 12 mois, nous aurons une présence mondiale et surtout nous aurons nos 2 premiers datacenters aux USA. Nous allons pouvoir enfin nous battre à armes égales" explique à BFMBusiness, Octave Klaba.

OVH fait partie des sociétés françaises de croissance dont le nouveau site plusgrandplusfort.fr, édité par Bfmbusiness, se fait régulièrement l'écho.

Frédéric Bergé