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Emploi

L'avenir appartient aux surqualifiés et aux sous-qualifiés

Les ordinateurs et les machines vont occuper principalement des emplois moyennement qualifiés.

Les ordinateurs et les machines vont occuper principalement des emplois moyennement qualifiés. - Justin Morgan - Flickr - CC

Une enquête de l'OCDE parue ce mardi montre que la révolution numérique va polariser l'offre d'emplois entre des jobs très qualifiés d'une part, et d'autres peu qualifiés. L'entre deux disparaîtra.

À l'ère numérique, il faudra être surqualifié ou sousqualifié. Plus de place pour l'entre deux. Selon une analyse de l'OCDE dévoilée ce mardi, l'impact du numérique sur le marché du travail risque de se traduire par une perte importante d'emplois moyennement qualifiés.

"Même si les données précises manquent pour évaluer l'impact du numérique sur le marché du travail, de grandes tendances se dessinent. On assiste à une polarisation du marché du travail entre deux extrêmes: une demande accrue pour les tâches abstraites et analytiques hautement qualifiées et pour les tâches manuelles non répétitives faiblement qualifiées; et une baisse de la demande pour les tâches répétitives moyennement qualifiées", a souligné Stefano Scarpetta, directeur de l'emploi, du travail et des affaires sociales à l'OCDE.

Cette tendance, qui devrait s'accentuer, "s'observe dans tous les pays développés mais aussi dans la plupart des pays émergents", selon Stefano Scarpetta. Elle se traduit par une demande accrue de 20% en moyenne pour les emplois les plus qualifiés et de 8% pour ceux les plus faiblement qualifiés. En revanche, la demande pour les emplois moyennement qualifiés baisse en moyenne de 20%, selon des données analysées de 1995 à 2010 dans sept pays de l'OCDE (Allemagne, Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Suède et Royaume Uni).

Les interprètes et les chauffeurs en voie de disparition

"Cela correspond à des tâches qui peuvent être effectuées par les ordinateurs et les machines. L'intelligence artificielle fait que ce phénomène touche davantage les compétences intermédiaires et des tâches plus cognitives", a expliqué Stefano Scarpetta. Il a cité l'interprétariat et le métier de chauffeur, comme métiers "amenés sans doute à disparaître". Il a chiffré à "plus de 40%" les emplois qui risquent d'être remplacés par des ordinateurs ou des machines.

Selon lui, "dans le même temps, de nombreux nouveaux métiers seront créés" et "de nombreux services, qui ne requièrent pas forcément beaucoup de compétences et seront moins bien payés", risquent de se multiplier. Le "grand défi" sera, estime Stefano Scarpetta, "la formation, initiale, mais surtout continue". Interrogé sur le "revenu minimum universel", expérimenté dans plusieurs pays (Finlande, Pays-Bas, ndlr), Stefano Scarpetta a indiqué que l'OCDE "doit s'en saisir et étudier toutes les typologies qui existent".

N.G. avec AFP