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Emploi

La France recommence à détruire des emplois

Les destructions de postes ont concerné tous les secteurs d'activité au trimestre dernier.

Les destructions de postes ont concerné tous les secteurs d'activité au trimestre dernier. - Philippe Huguen - AFP

Au troisième trimestre, 34.100 postes ont disparu dans le secteur marchand, selon les estimations publiées ce 14 novembre par l’Insee. Une dégradation qui empêche le gouvernement de savourer une croissance meilleure que prévu.

L'emploi salarié s'est replié de 0,2% sur le trimestre, selon des estimations provisoires de l'Insee publiées vendredi. Cela correspond à 34.100 suppressions nettes de postes.

Les destructions concernent tous les secteurs d'activité: la baisse atteint 0,4% dans l'industrie, 0,8% dans la construction et 0,1% dans le tertiaire, où sont comptabilisés tous les emplois en intérim. Hors intérim, le tertiaire reste toutefois bien orienté, avec 12.900 créations de postes sur le trimestre.

Les mesures n'ont pas encore fait effet

Sur un an, 37.700 postes ont disparu dans le secteur marchand, malgré une légère embellie au deuxième trimestre (8.300 créations).

"L'appareil productif français est en panne", analyse Henri Sterdyniak, économiste à l'OFCE. "Les mesures gouvernementales n'ont pas encore d'effet sur les chefs d'entreprises. Ils n'investissent et n'embauchent pas parce qu'ils considèrent que les perspectives restent extrêmement médiocres pour la France", ajoute-t-il.

En outre, "les entreprises conservent beaucoup de sureffectifs, à cause de la longue période de croissance médiocre", poursuit-il.

"On reste dans une optique où on remplace au minimum les salariés et on profite des départs à la retraite pour réduire les effectifs."

La dégradation constatée au troisième trimestre n'est d'ailleurs pas une surprise. Dans ses dernières prévisions publiées début octobre, l'Insee prévoyait 52.000 destructions d'emplois marchands sur les deux derniers trimestres de 2014, à cause de "l'atonie de l'activité".

La reprise de l'activité trop faible

Pourtant, peu avant les chiffres de l'emploi, l'Insee a annoncé jeudi une croissance un peu meilleure que prévu au 3e trimestre: +0,3%. "L'activité a légèrement repris mais reste trop faible pour assurer les créations d'emploi nécessaires à notre pays", a concédé Michel Sapin, ministre des Finances, dans un communiqué.

D'autant que ce léger rebond intervient après un premier trimestre de stagnation de l'activité et un deuxième de baisse. L'Institut national de la statistique et des études économiques, comme le gouvernement, ont dû abaisser début octobre leurs prévisions de croissance à 0,4% pour 2014.

En 2015, l'exécutif prévoit 1% de croissance. Or, pour beaucoup d'économistes, il faut au moins 1,5% de croissance en moyenne pour faire reculer le chômage, qui réagit à l'activité avec plusieurs trimestres de décalage. Par conséquent, aucun organisme international ne prévoit de reprise de l'emploi avant, au mieux, fin 2015.

Pour stabiliser le chômage, il faut environ 100.000 créations d'emplois par an afin de compenser l'arrivée de nouveaux actifs sur le marché du travail. La France en est encore loin et le chômage continue d'augmenter: fin septembre, le nombre de demandeurs d'emploi sans activité a atteint le record de 3,43 millions. Quant au taux de chômage de l'Insee, il s'est légèrement replié à 9,7% fin 2013, mais l'Institut anticipe une nouvelle dégradation en fin d'année.

C.C. avec AFP