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La maîtrise du français n'aide pas les immigrés à trouver un emploi

Le français aide par contre les immigrés à valoriser leurs dîplomes (image d'illustration)

Le français aide par contre les immigrés à valoriser leurs dîplomes (image d'illustration) - Kenzo Tribouillard - AFP

Le taux d'emploi des immigrés varie assez peu selon qu'ils parlent bien ou très bien la langue de Molière. En revanche, la maîtrise du français les aide à valoriser leur diplôme et ainsi à gagner plus.

Le français a la réputation d'être une langue difficile avec des règles grammaticales complexes, friandes d'exceptions. Au point que sa maîtrise, sensée être un sésame pour l'intégration, a de quoi rebuter beaucoup d'immigrés.

Pourtant, il semblerait que bien parler notre langue ne les aide pas tant que cela à trouver un emploi dans l'Hexagone. C'est ce que montre une étude de l'Insee publiée mardi 5 juillet.

L'institut constate que ce qui va motiver la rapidité de leur recherche d'emploi n'est pas tant le français que la raison de leur venue en France. Ainsi plus de 50% des immigrés venus pour travailler trouvent un emploi lors de leur première année sur le territoire. Chiffre qui tombe sous les 20% pour ceux qui rejoignent la France pour des raisons familiales ou pour demander asile.

Pas d'impact sur le chômage

Plus globalement, l'Insee observe que la maîtrise du français n'a pas une influence démesurée. Les immigrés parlant un français parfait font face à un taux de chômage de 16%, contre 21% pour ceux qui ont du mal à l'écrire ou le parler et 11% pour ceux qui ont difficultés tant à l'oral qu'à l'écrit.

En fait les immigrés contournent les obstacles. Si la maîtrise de la langue de Molière leur fait défaut, ils vont davantage s'appuyer sur leur entourage pour décrocher un premier poste. 48% des immigrés parlant mal le français à l'écrit et à l'oral ont recours à ce moyen, contre 28% de ceux qui le parlent parfaitement. Ces derniers ont plus de cordes à leur arc. Ils ont davantage recours aux petites annonces sur Internet ou dans les journaux (16%, contre moins de 10% pour les autres), aux candidatures spontanées (presque 10%) ou à leur réseau professionnel (20%).

Pourtant les immigrés auraient tort de ne pas perfectionner leur français. En effet, parler le mieux possible notre langue leur permet de mieux valoriser leur diplôme et donc de se rapprocher des Français en terme de rémunération. L'Insee chiffre, pour le même diplôme, un gain de salaire de 17%. Dans la même veine, l'institut estime qu'un diplôme du supérieur permet à un Français d'augmenter sa rémunération de 69% par rapport à quelqu'un qui n'en a pas. Une statistique proche (67%) pour les immigrés qui parlent couramment le français mais bien plus faible (24%) pour ceux qui ont des difficultés à maîtriser notre langue.

Enfin cela leur permet d'avoir un sentiment de déclassement moins fort. 28% des immigrés maîtrisant le français estiment que leur emploi ne correspond pas à leur formation professionnelle, contre 68% pour les autres. Et 31% d'entre eux se sentent surqualifiés contre 51% pour ceux ayant des difficultés avec le français.

J.M.