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La Redoute veut-elle tirer au sort ceux qui travailleront le soir?

Pour pouvoir promettre à ses clients de faire livrer toutes les commandes passées avant 20 heures le lendemain matin, La Redoute souhaite les faire travailler plus tard le soir.

Pour pouvoir promettre à ses clients de faire livrer toutes les commandes passées avant 20 heures le lendemain matin, La Redoute souhaite les faire travailler plus tard le soir. - Kenzo Tribouillard - AFP

Pour envoyer les colis, la direction du vépéciste veut faire travailler une équipe le matin, une autre le soir. Mais faute de candidats sur ce deuxième créneau, elle voudrait tirer au sort les effectifs manquants, selon les syndicats.

L'entrée au capital de nombre de salariés du groupe vendu par Kering en 2014 n'empêche pas le dialogue social de manquer de fluidité. Les syndicats accusent la direction du vépéciste de vouloir forcer des salariés à travailler le soir, contre leur gré, en les désignant par tirage au sort, avançait RTL ce mercredi. Une information que La Redoute assimile à une "extrapolation".

Voici l'histoire: le spécialiste de la vente par correspondance, dont le siège se trouve à Roubaix, veut pouvoir promettre à ses clients de faire livrer toutes les commandes passées avant 20 heures le lendemain matin. Pour y parvenir, elle fait déménager ses ouvriers sur un nouveau site, censé être plus ergonomique et permettre de sortir les colis en deux heures. Surtout, elle souhaite les faire travailler plus tard le soir.

40 candidats pour 280 postes

Actuellement, l'amplitude horaire va de 5 heures à 20 heures. Sur cette nouvelle usine, le management souhaite que deux équipes se succèdent dans la journée: une de 6h00 à 13h30, l'autre de 14h00 à 21h20. Sur une unité industrielle de 550 personnes, la direction voudrait, selon la CGT, 280 personnes par tranche en semaine. Problème: seules une quarantaine de personnes ont accepté de travailler sur l'horaire du soir en semaine, affirme La Redoute. Un nombre largement insuffisant.

Du coup, au cours de négociations globales sur le temps de travail, "la direction a répété plusieurs fois qu'il y aurait un tirage au sort" pour compléter l'équipe du soir, assure la CGT. Le management jure au contraire n'avoir "jamais dit qu'il allait tirer au sort les salariés. La direction a justement indiqué qu'elle voulait éviter d'avoir à imposer ces horaires aux gens", assure la porte-parole de La Redoute.

Les salariés ne veulent pas de prime

Pour motiver le plus grand nombre à travailler jusqu'à 21h20, la direction dit avoir cherché des mesures incitatives avec les syndicats. "Le terme de 'mesure incitative' n'a jamais été prononcé, il a uniquement été question de 'compensation financière' pour ceux qui seraient obligés de prendre les horaires de soir", répond un élu CGT.

Le syndicat n'est pas disposé à accepter cette proposition. D'abord parce qu'il rejette en bloc le principe du tirage au sort. Ensuite, parce qu'en consultant de manière informelle les salariés, il s'est aperçu que "la majorité de ceux qui veulent être du matin ne sont pas intéressés par une prime pour venir l'après-midi".

"Un grand nombre des ouvriers de La Redoute sont des mamans célibataires qui doivent s'occuper de leurs enfants le soir, et ne peuvent pas s'organiser pour rester au travail jusqu'à 21h20", explique Force Ouvrière. La CGT estime par ailleurs que les équipes du soir n'ont pas besoin d'être aussi nombreuses que le souhaite la direction. Le syndicat juge aussi qu'une promesse de livraison le lendemain des commandes passées avant 19h (au lieu de 20), suffirait. La discussion en est là.

Nina Godart
https://twitter.com/ninagodart Nina Godart Journaliste BFM Éco