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Le Medef dépassé par la colère de ses adhérents

Certains adhérents du Medef appellent à "entrer dans l'illégalité", par exemple en ne payant plus leurs impôts.

Certains adhérents du Medef appellent à "entrer dans l'illégalité", par exemple en ne payant plus leurs impôts. - Charles Platiau - Reuters

Une réunion entre le Medef et ses adhérents sur le dialogue social a tourné au vinaigre mardi. Ulcérés par le compte-pénibilité, les chefs d'entreprises se radicalisent, et l'organisation patronale est dépassée.

Rien ne va plus au sein du patronat. La mobilisation du début du mois n'y a rien changé. Sur le terrain, les chefs d'entreprises sont exaspérés et les organisations qui les représentent ont bien du mal à canaliser leur colère.

La négociation sur le dialogue social qui devait aboutir cette semaine a été reportée à mi-janvier pour cause de mésentente patronale. Et mardi matin, une réunion de l'Assemblée permanente au Medef a quasiment viré au pugilat.

L'étincelle du compte-pénibilité

Tout s'est déroulé avenue Bosquet à Paris, au siège du Medef. Comme chaque mois se tenait l'Assemblée permanente, une réunion des cadres devant leurs adhérents - des patrons de TPE-PME qui viennent à Paris mensuellement pour l'occasion.

Le sujet du moment, c'est encore et toujours le compte pénibilité, cauchemar des petits patrons qui estiment que l'application de cette mesure va virer au casse-tête coûteux et ingérable. A peine le mot prononcé, la réaction de la salle est épidermique. Certains s'en prennent aux responsables du Medef, qu'ils accusent de ne pas taper assez fort.

Très vite, le ton monte. "Il faut entrer dans l'illégalité" propose un patron, immédiatement applaudi par toute une partie de l'auditoire. Sa proposition est radicale: il propose que tous arrêtent de payer leurs impôts, qu'ils libellent désormais leurs chèques non plus au Trésor Public mais à la Caisse des dépôts.

L'Etat-major tente de calmer le jeu. "Nous sommes une institution républicaine", clame-t-il. "La désobéissance n'est pas une solution", martèle-t-il. Des arguments qui n'ont pas suffit à faire retomber la tension.

Un épisode qui illustre bien toutes les difficultés du Medef à contenir la radicalisation d'une partie de sa base. Les organisations patronales avaient pourtant tenté, la semaine du 1er décembre, de leur offrir une tribune pour clamer leur colère.

Medef, CGPME et UPA avaient appelé à une semaine de manifestation en ordre dispersé: l'organisation présidée par Pierre Gattaz avait prévue des réunions entre patrons et élus sur tout le territoire, publié des films pour décrire la situation intenables des dirigeants d'entreprises. LA CGPME, elle, avait carrément appelé ses adhérents à descendre dans la rue, à Paris et à Toulouse, pour se faire entendre du gouvernement.

Isabelle Gollentz et BFMBusiness.com