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Le poids des maths dans l'économie française

Bon nombre de formations supérieures disposent des cours de mathématiques

Bon nombre de formations supérieures disposent des cours de mathématiques - Fir0002 - Flickr - CC

Les mathématiques contribuent à l'économie à hauteur de 15% du PIB, selon une étude publiée ce mercredi 27 mai. Soit 285 milliards d'euros.

Quinze pour cent du PIB français, 9% des emplois: les mathématiques ne sont pas toujours très visibles, mais elles ont du poids dans l'économie, relève une étude qui recommande aux entreprises de s'appuyer encore davantage sur cette discipline pour innover.

Les mathématiques apportent à l'économie française 285 milliards d'euros de valeur ajoutée, soit 15% du produit intérieur brut, affirme cette enquête réalisée par le cabinet de conseil CMI et publiée mercredi.

Cette discipline a un "impact direct" sur 9% des emplois, soit environ 2,4 millions d'emplois, ajoute cette étude commandée par l'Agence pour les mathématiques en interaction avec l'entreprise et la société (Amies) et deux fondations de mathématiques.

"Une place considérable dans l'économie"

Pour obtenir ce chiffre, CMI a comptabilisé les emplois occupés par des personnes ayant une formation en maths ou utilisant les maths ou des outils mathématiques, précise le cabinet de conseil en stratégie.

"Ce rapport confirme, après d'autres effectués dans d'autres pays, que les sciences mathématiques occupent une place considérable dans l'économie d'un pays - bien plus importante qu'on ne le pense spontanément", déclare à l'AFP Cédric Villani, lauréat en 2010 de la médaille Fields, considérée comme le "prix Nobel" de cette discipline.

"L'impact socio-économique des maths n'avait jamais été mesuré dans notre pays. La France obtient des résultats similaires à ceux de la Grande-Bretagne (16% du PIB, 10% des emplois) et des Pays-Bas (13% du PIB, 11% des emplois)", souligne Stéphane Cordier, directeur de l'Amies.

"Sensibiliser les entreprises"

L'étude a été présentée mercredi au ministère de l'Education nationale, de l'Enseignement et de la Recherche. "Notre but est de sensibiliser les entreprises et les responsables politiques à l'importance" de cette discipline, explique Stéphane Cordier, professeur de mathématiques à l'Université d'Orléans. "

Les mathématiques, c'est l'oxygène du monde numérique. Elles sont indispensables à son fonctionnement, mais on ne se rend pas vraiment compte de leur présence", relève Stéphane Cordier.

L'objectif de l'Amies est aussi de changer la perception des maths par le grand public et les entreprises: "l'image des maths comme une discipline austère, vieillotte n'est plus d'actualité".

"Comme la plupart des pays 'développés', nous ne formons pas assez de mathématiciens pour couvrir les besoins, en particulier émanant du monde de l'industrie", constate Cédric Villani.

Le nombre d'étudiants ayant choisi les mathématiques comme matière principale est stable et assez faible. Ils étaient environ 6.600 étudiants en Master en 2012-2013, soit 2,1% des effectifs globaux en Masters.

Il y avait 2.000 inscrits dans des formations délivrant des doctorats en mathématiques soit 2,9% des effectifs de formations doctorales. Toutefois, beaucoup d'autres formations dispensent des cours de maths. "Vingt-cinq pour cent des effectifs étudiants de niveau Bac+2 à Bac+8 sont formés en mathématiques ou par les mathématiques", nuance l'étude.

Un potentiel à mieux exploiter

"La France utilise très bien son potentiel de recherche fondamentale en mathématiques, et beaucoup moins bien son potentiel de recherche appliquée et industrielle, même s'il y a eu des progrès considérables dans les dernières décennies", relève Cédric Villani.

"Les verrous les plus sérieux sont sans doute culturels: système d'éducation anxiogène (...), manque de mélange entre le monde universitaire et le monde industriel, relatif manque d'intérêt pour les sujets dits appliqués, manque de valorisation des enseignants surtout en mathématique", analyse-t-il.

"Au niveau technique, certaines conventions collectives et grilles de salaires sont encore à revoir pour permettre une meilleure insertion du monde de la recherche dans le monde de l'économie", précise-t-il. Cédric Villani s'étonne aussi que le système scolaire "s'obstine à diminuer les horaires de mathématique, et ait le plus grand mal à intégrer l'informatique, alors que le poids de ces deux disciplines dans le changement du monde est de plus en plus grand".

Les mathématiques "fournissent des outils incomparables" dans l'exploration des données, l'analyse des signaux, le calcul haute performance ou encore la cryptographie, fait valoir Cédric Cordier.

J.M. avec AFP