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Pauvreté en France: des chiffres en trompe-l'œil

Les personnes les plus pauvres sont de plus en plus éloignées du seuil de pauvreté.

Les personnes les plus pauvres sont de plus en plus éloignées du seuil de pauvreté. - Frederik Florin - AFP

Le taux de pauvreté a légèrement reculé en France en 2012, selon les chiffres de l'Insee publiés ce 9 septembre. Mais "l'intensité" de la pauvreté augmente.

La bonne nouvelle est à prendre avec des pincettes. Certes, le taux de pauvreté a légèrement reculé en France. En 2012, 8,5 millions de personnes vivaient en dessous du seuil de pauvreté monétaire, fixé par convention à 60% du niveau de vie médian de la population, qui s'élève à 987 euros par mois. Elles étaient 8,7 millions sous ce seuil en 2011. Le taux de pauvreté s'élève désormais à 13,9% de la population contre 14,3% un an plus tôt, précise l'Institut national de la statistique.

Mais ce recul du taux de la pauvreté s'inscrit dans un contexte où le niveau de vie médian a reculé lui-même de 1% par rapport à 2011. En 2012, la moitié de la population vivait avec plus de 1.645 euros par mois, l'autre avec moins.

L'intensité de la pauvreté augmente

Plus particulièrement, la moitié des personnes vivant sous le seuil de pauvreté disposent de moins de 784 euros par mois soit, en euros constants, un niveau qui n'a jamais été aussi bas depuis 2006.

L'intensité de la pauvreté "augmente donc nettement", souligne l'Insee: les personnes pauvres sont globalement plus éloignées du seuil de pauvreté.

"Le taux de pauvreté se réduit un peu mais ce n'est pas le signe d'une hausse du niveau de vie des moins favorisés", explique à l'AFP Jérôme Accardo, le responsable des ressources et conditions de vie des ménages à l'Insee. "A l'inverse, les plus pauvres ont eu, en 2012, un niveau de vie particulièrement bas", sur fond notamment de forte hausse du chômage, ajoute-t-il.

Hausse de la part des chômeurs

La composition de la population la moins favorisée se modifie d'ailleurs un peu puisque parmi les adultes pauvres, la part des chômeurs augmente. Les familles monoparentales sont particulièrement touchées par la pauvreté: leur part dans la population pauvre passe ainsi de 20,6% en 2011 à 22,3% en 2012. Leur niveau d'activité moyen diminue de 5%, si bien que "la pauvreté s'accroît fortement parmi les mères de familles monoparentales", relève l'Insee.

A l'inverse, la part des retraités a diminué parmi les adultes pauvres. Leur niveau de vie médian a augmenté de 0,3% en euros constants en 2012, contre une baisse de 1,3% pour les actifs. Cette amélioration s'explique notamment, selon l'Insee, par la revalorisation des pensions intervenue en 2012 et par la hausse de l'allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa), entamée à partir de 2007.

Légère réduction des inégalités

Les inégalités, qui s'étaient creusées en 2011, se sont un peu réduites en 2012 pour revenir à leur niveau de 2010. Ainsi les 10% des ménages les plus riches disposent d'au moins 37.430 euros par an, soit 3,5 fois plus que les 10% des plus modestes. Ils gagnaient 3,6 fois plus que les plus pauvres en 2011.

Si les niveaux de vie ont baissé pour tout le monde, la baisse est un peu plus prononcée dans ces deux catégories de la population, précise l'Insee. Les personnes les plus aisées ont en effet subi une baisse des revenus du patrimoine et des hausses d'impôts.

A l'autre extrémité, les revenus des Français les plus pauvres ont été affectés par la hausse du taux de chômage et par le fait que les montants moyens des prestations sociales ont globalement évolué moins vite que l'inflation.

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D. L. avec AFP