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Etes-vous prêts à noter votre entreprise?

Comme ailleurs, les Français sont à la recherche de plus de transparence sur l'entreprise qui va éventuellement les recruter.

Comme ailleurs, les Français sont à la recherche de plus de transparence sur l'entreprise qui va éventuellement les recruter. - Clemens Bilan - AFP

A l'étranger les sites internet permettant aux salariés d'évaluer leur boîte sont très consultés. En France, les tentatives d'introduction ont toutes échoué. L'arrivée du géant Glassdoor pourrait changer la donne.

Quand on postule pour un job, connaître le salaire ou bien les missions à remplir ne suffit pas. Il faut avoir une idée de la culture de l'entreprise, histoire de savoir si l'on va s'y plaire et si l'on va avoir envie de s'y investir. C'est pour répondre à ce besoin que se sont mises en place des plates-formes communautaires permettant aux salariés d'évaluer l'entreprise dans laquelle ils travaillent, sur des critères aussi larges que les possibilités d'évolution, l'autonomie, les formations, l'ambiance générale…

Le créneau se révèle prospère à l'étranger, avec notamment Kununu en Allemagne, fort de près de 800.000 avis sur 191.000 entreprises, ou bien encore le géant international Glassdoor, qui recense 325.000 entreprises réparties dans 190 pays.

Des avis négatifs

En France, la place est quasi-déserte. Après un départ en fanfare autours des années 2010, des sites comme Notetonentreprise ou Opentojob ont rapidement fermé leurs portes. Seul le site meilleuresentreprises propose encore ses services, ainsi que Glassdoor qui a lancé sa version française à l'automne. Pourquoi un tel retard dans l'Hexagone alors que le désir des salariés de s'informer est aussi fort qu'ailleurs ?

Pour Noëmie Cicurel, directrice chez Robert Half, c'est la qualité des informations proposées dans la première génération qui a refroidi les internautes. "J'y apportais peu de crédits. Soit il s'agissait de salariés déçus, soit de gens qui sont partis de l'entreprise en étant en conflit. Parfois même, j'ai pu détecter que c'était des concurrents qui écrivaient des critiques", regrette-t-elle. Au final, le manque d'avis constructifs a conduit les internautes à se détourner de ces plates-formes communautaires.

Les labels et palmares ont la cote

Guillaume Pican, Directeur Associé chez Page Executive, avance quant à lui un autre argument: "c'est plutôt la mentalité des salariés français qui explique ce retard. Certains craignent de noter leur boîte car ils ont peur d'être reconnus", explique-t-il. Du coup, ce sont plutôt les labels et les palmarès sur les boîtes où il fait bon travailler qui connaissent une grande notoriété à l'instar de Best Workplaces, Great Place to Work, Topemployeurs.

Mais la situation n'est pas figée, d'autant que la jeune génération des salariés n'a plus la même relation avec le monde de l'entreprise. "Les jeunes consomment l'entreprise comme n'importe quel bien. Ils savent que leur durée de vie est limitée au sein de leur boîte, ils cherchent un retour sur investissement rapide. Pour cela, il faut avoir une idée précise de ce que l'employeur peut leur apporter", analyse Guillaume Pican. D'où l'intérêt d'avoir des retours de salariés en poste.

Mais l'arrivée du mastodonte Glassdoor pourrait effectivement changer la donne. "Sur ce marché, la réussite dépend de la masse critique. Glassdoor recevait déjà de nombreux avis d’employés français avant même que nous ouvrions la plateforme française. Nous avions près de 15.000 comptes-rendus, avis et salaires émanant de salariés français avant même son lancement." explique Joe Wiggins expert Carrière et Conditions de travail chez Glassdoor. Et au vu des premiers retours, les Français sont en effet en attente d'une plus grande transparence vis-à-vis du monde de l'entreprise, notamment sur les grilles de salaire où le pays se montre particulièrement fermé.

Coralie Cathelinais