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Manuel Valls va céder aux intermittents du spectacle

Manifestation d'intermittents, en juillet 2014, lors du festival d' Avignon

Manifestation d'intermittents, en juillet 2014, lors du festival d' Avignon - Boris Horvat-AFP

Comme BFMBusiness l'annonçait dès dimanche, Manuel Valls doit proposer de sanctuariser le régime des intermittents du spectacle. Le Premier ministre devrait annoncer ses propositions mercredi 7 janvier.

On l'avait presque oublié. Mais le dossier explosif des intermittents du spectacle et de leur régime très controversé d'indemnisation chômage va refaire à nouveau parler de lui.

Ce mardi 6 janvier, Matignon vient d'annoncer que Manuel Valls présentera demain mercredi ses propositions afin de régler le dossier. Comme BFMBusiness l'annonçait dès dimanche, le Premier ministre entend sanctuariser le statut de ces derniers et pérenniser leur régime d'assurance-chômage. 

Il aura reçu dans la matinée le rapport du député PS Jean-Patrick Gille, d'une ancienne directrice festival d'Avignon, et d'un ex-directeur général du ministère du Travail, les trois médiateurs nommés cet été par le gouvernement en plein conflit des intermittents. 

Geste du gouvernement à 90 millions

Au printemps 2014, les partenaires sociaux gestionnaires de l'Unédic, Medef en tête, ont adopté une nouvelle convention réduisant les avantages dont bénéficient les 110.000 intermittents en cas de chômage.

Ils ont en particulier décidé d'allonger le "délai de carence", c'est-à-dire la période non indemnisée avant le début d'une nouvelle période de chômage. La nouvelle convention a également prévu de ramener de 12 à 10 mois la période durant laquelle il faut travailler au moins 507 heures pour être indemnisé. 

Les partenaires sociaux ont ainsi voulu limiter les abus et combler en partie le déficit d'un milliard d'euros par an du régime chômage des intermittents, soit le quart du déficit total de l'Unedic, alors qu'ils ne représentent que 5% des inscrits à Pôle emploi, selon la Cour des comptes. 

Malgré le tollé suscité chez les intermittents, le gouvernement a pourtant agréé cette nouvelle convention chômage mais en faisant un geste. Le 19 juillet dernier, Manuel Valls a ainsi annoncé que l'Etat prendrait en charge "de manière transitoire", en fait jusqu'à la mi-2016, l'indemnisation de cette période de carence.

Un geste à 90 millions d'euros en année pleine pour le contribuable. Pour 2014, la convention étant entrée en application au 1er juillet, le coût de cette largesse devrait tout de même dépasser 20 millions d'euros. 

Nouveau statut pour les intermittents

Tout le problème aujourd'hui est de savoir comment le gouvernement de Manuel Valls compte sortir de cette situation transitoire. Les intermittents réclament un nouveau statut juridique et la pérennisation de leur régime d'indemnisation chômage. Les médiateurs suggèrent de sanctuariser le régime des intermittents tout en réclamant davantage de contrôle des entreprises de spectacle et d'audiovisuel qui recourent abusivement à ceux-ci. Des propositions que Manuel Valls devrait retenir. 

Le Medef et les syndicats, qui cogèrent l'Unédic, ne semblent cependant pas prêts à faire un geste avant les prochaines négociations pour une nouvelle convention qui doivent s'engager en 2015. 

C'est finalement l'Etat qui pourrait donc une nouvelle fois mettre la main à la poche au nom de la politique culturelle. Mais en faisant alors une entorse à son plan de 50 milliards d'euros d'économies transmis à Bruxelles.... Réponse dans les prochaines semaines. 

Patrick Coquidé