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Les nouvelles aides pour recruter des apprentis risquent de "dévaloriser l'apprentissage"

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Invité sur le plateau de Good Morning Business, le président de l'ANAF (Association Nationale des Apprentis de France) se félicite du plan de l'exécutif annoncé jeudi mais demande aussi des contreparties aux entreprises.

Un apprenti gratuit ou presque. Jeudi, le gouvernement a dévoilé ses mesures pour relancer l'apprentissage dès la rentrée prochaine. Objectif : éviter que la crise ne mette sur le carreau des centaines de milliers de jeunes. Parmi ces mesures, des aides substantielles pour les entreprises qui prendraient un apprenti. L'Etat déboursera 5000 euros par an pour les apprentis mineurs et 8000 euros pour les majeurs.

Combinés aux exonérations déjà prévues, ces coups de pouce font "qu'un apprenti mineur, qui ne coûte déjà pas extrêmement cher pour une entreprise, va presque revenir à zéro quand on compte l'aide" détaille sur le plateau de Good Morning Business, le président de l'ANAF (Association Nationale des Apprentis de France) Aurélien Cadiou. "Cela va presque couvrir tous les salaires de l'apprenti pour l'année."

Assurer la qualité de l'apprentissage

De quoi relancer l'apprentissage et convaincre les derniers réticents. Mais ces mesures ont un revers, prévient Aurélien Cadiou. Le risques est que "les entreprises et les employeurs (…) considèrent peu leurs apprentis, les accompagnent peu, du fait justement que ce n'est pas un coût financier important pour eux."

Le coût zéro pourraient donc "dévaloriser l'apprentissage en montrant que finalement un apprenti, ça ne coûte rien, on peut en recruter un comme ça, très rapidement" poursuit le président de l'ANAF. Dès lors, "on ne peut pas vouloir garder ce nombre d'apprentis sans assurer la qualité de l'apprentissage. Et il faut coupler à cette aide-là, des obligations pour les entreprises, par exemple de formation" pour assurer l'accompagnement vers l'emploi.

Interrogé sur la question, sur BFM Business, le ministre chargé de la Ville et du Logement, Julien Denormandie s'est montré rassurant. "Tous vos collaborateurs sont des personnes avec qui grand plaisir à travailler et envie de travailler. Donc vous ne vous posez pas la question s'ils vous coûtent un, deux, dix ou cent. Vous avez juste envie d'avancer ensemble. Je crois que c'est pareil avec un chef d'entreprise et un apprenti" assure-t-il.

Thomas Leroy