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Loi Travail: Philippe Martinez campe sur ses positions

Le secrétaire général de la CGT a remis ses propositions à la ministre du Travail, portant notamment la réécriture de 5 à 6 articles de la loi Travail. Myriam El Khomri a déclaré qu'elle allait les "regarder" mais que des désaccords persistent.

Chacun campe sur ses positions à propos de la loi Travail. A sa sortie de sa réunion avec la ministre, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, qui était arrivé peu avant 8H00, ce vendredi 17 juin, a déclaré: "La ministre va étudier nos propositions. On a fait des suggestions. C'était une première rencontre nécessaire. Mais il reste des problèmes importants, sur 5 à 6 articles articles dont nous demandons la réécriture".

Lors de son arrivée au ministère, à 8H00, Philippe Martinez avait estimé: "On va remettre nos propositions. On va faire le point", avait-il déclaré à son arrivée, avant cette rencontre inédite depuis début mars et le début de la contestation sociale contre la loi travail, assurant: "nous, on est toujours constructifs". M. Martinez était accompagné de Catherine Perret, secrétaire nationale de la CGT, et de Fabrice Angéi, membre du bureau confédéral. Interrogé pour savoir s'il s'agissait de retrouvailles avec la ministre, il a répondu: "on peut dire ça comme ça", ajoutant: "nous, on est toujours constructifs".

Une rencontre inédite depuis mars 2016

De son côté la ministre Myriam El Khomri a déclaré à l'issue de la réunion: "Il était important de faire le point et que la CGT me remette aujourd'hui ses propositions. Nous avons des désaccords qui ne sont pas nouveaux", a-t-elle ajouté, mais "nous avons eu un échange constructif, argumenté, sur cette primauté que nous entendons donner à l'accord d'entreprise" sur l'accord de branche, l'un des points du texte auxquels s'oppose la CGT.".

Cette rencontre inédite depuis mars 2016, mois qui a vu débuter la crise sociale actuelle, a tourné au dialogue de sourds, tant leurs positions sur ce texte semblent irréconciliables. Chacun campe sur ses positions. Myriam El Khomri, qui a défendu le projet au Sénat toute cette semaine, juge son projet "utile" pour l'emploi, les salariés et la compétitivité.

La tension est, en outre, montée d'un cran cette semaine. Le numéro un de la CGT a dénoncé, mercredi 15 juin, la menace d'interdiction des manifestations brandie en début de journée par François Hollande. Une mesure qui, selon lui, "remet en cause la démocratie".

Pour Philippe Martinez, qui doit trouver une porte de sortie honorable après avoir été aux avant-postes de la contestation sociale depuis mars, cette loi est un "problème". Plus particulièrement, il dénonce les articles composant sa "colonne vertébrale": inversion de la hiérarchie des normes, licenciement économique, référendum d'entreprise, accord de développement et médecine du travail. Lors de la rencontre, la CGT entend demander la suspension du débat parlementaire, après avoir longtemps réclamé le retrait pur et simple.

Mais la ministre a opposé dès jeudi 16 juuin , la veille de leur rencontre; une fin de non-recevoir à toute suspension. Et "pas question" non plus de "rouvrir la négociation". Le Premier ministre "l'a rappelé à juste titre: le texte actuel est le produit d'un vrai compromis avec des organisations syndicales", a-t-elle relevé.

Philippe Martinez vient avec des propositions

La CGT, qui refuse d'être enfermée dans un rôle de syndicat uniquement contestataire, va aussi faire des propositions à la ministre sur les cinq articles qui cristallisent les critiques des opposants à la loi (CGT, FO, Solidaires, Unsa, Unef, Fidl et UNL).

"Nous allons porter des propositions qui permettent que la loi soit bien un socle de droits pour l'ensemble des salariés. Ces propositions vont renforcer le rôle de la branche professionnelle", a précisé Fabrice Angéi, membre du bureau confédéral qui participera à la réunion.

L'article 2, consacrant la primauté des accords d'entreprise sur la branche sera au centre de la discussion. Le Sénat à majorité de droite a adopté dans la nuit de jeudi à vendredi cet article 2 en le durcissant, en particulier en revenant sur la semaine de 35 heures. Cet article "ira jusqu'au bout" avait toutefois prévenu Manuel Valls.

La position du leader cégétiste après la rencontre sera très suivie par ses militants: certains restent sur la ligne dure du retrait, quand d'autres s'interrogent sur la capacité de la CGT à maintenir une mobilisation en perte de vitesse face à un gouvernement inflexible.

BFMBusiness avec AFP