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Martin Hirsch préfèrerait une hausse du RSA à celle du Smic

Le père du RSA pointe les effets pervers du Smic (Photo: Reuters)

Le père du RSA pointe les effets pervers du Smic (Photo: Reuters) - -

Alors que le gouvernement a promis un relèvement du Smic en juillet, le créateur du RSA plaide pour un coup de pouce à ce mécanisme afin d'augmenter le pouvoir d'achat des salariés modestes.

Que le créateur du Revenu de solidarité active (RSA), Martin Hirsch, défende son bébé, cela se comprend aisément. Mais sa défense du RSA est loin d'être infondée.

Dans une tribune publiée mardi 5 juin dans Les Echos, l'ancien haut commissaire aux solidarités actives du gouvernement Fillon, qui se revendique pourtant homme de gauche, pose une question dérangeante pour ses amis politiques : la revalorisation du Smic est-elle la méthode la plus efficace dont disposent les pouvoirs publics pour véritablement améliorer le pouvoir d'achat des bas salaires ?

Le RSA plus efficace et moins coûteux que le Smic

Sa réponse est non, en raison des effets pervers d'une trop forte hausse du Smic. Le problème du Smic est de renchérir le coût du travail des personnes les moins qualifiées, celles qui sont les plus menacées par le chômage, rappelle Martin Hirsch.

Ensuite, une hausse du Smic n'a, au bout du compte, qu'un effet limité sur les intéressés : 1% de hausse ne représente que 10 euros par mois pour un salarié à plein temps alors même que ce 1% coûte 800 millions à l'Etat en allègement de charges. A l'inverse, une revalorisation du barème du RSA n'aurait pas ces inconvénients, estime Martin Hirsch. Cette revalorisation toucherait davantage les salariés les plus en difficulté : ceux à temps partiel subi, dont beaucoup de femmes, et ceux ayant des charges de familles.

Par ailleurs, la revalorisation du RSA serait moins coûteuse pour l'Etat : l'augmentation serait financée en partie par le Fonds national de solidarité active, actuellement excédentaire...

Le gouvernement au pied du mur

Même si l'augmentation du Smic est une promesse de campagne, François Hollande comme Jean-Marc Ayrault sont bien conscients des critiques formulées par Martin Hirsch. C'est la raison pour laquelle ils mettent en garde contre une hausse excessive du salaire minimum en juillet. Sur BFMTV et RMC, le Premier ministre a affirmé que la hausse serait inférieure à 5%. Surtout, le gouvernement mise sur la négociation entre partenaires sociaux, qui devrait s'engager après le sommet social de juillet, pour faire vraiment avancer le dossier du pouvoir d'achat.

Patrick Coquidé