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Pierre Gattaz: "Manuel Valls a montré son courage et sa détermination"

Pierre Gattaz a ouvert l'université d'été du Medef par un discours de près d'une heure, ponctué de formules choc et d'applaudissements nourris.

Pierre Gattaz a ouvert l'université d'été du Medef par un discours de près d'une heure, ponctué de formules choc et d'applaudissements nourris. - BFM Business

Le président du Medef a ouvert l'université d'été de l'organisation par un discours dans lequel il a rendu hommage au Premier ministre, appelé à plus de mesures pour les entreprises et enjoint les patrons à évoluer.

La 15e édition de l'Université d'été du Medef s'est ouverte ce mercredi, au lendemain du remaniement et de l'annonce de changements à Bercy. Pierre Gattaz, le président de l'organisation patronale, a prononcé un discours de près d'une heure, ponctué de formules choc et d'applaudissements nourris. Il faudra en retenir l'hommage appuyé au "courage" du Premier ministre, un appel répété à faire plus pour la compétitivité, et un renvoi des dirigeants d'entreprises à leurs responsabilités.

> Manuel Valls, son "courage" et sa "détermination"

Au lendemain de l'annonce de son nouveau gouvernement, le Premier ministre, Manuel Valls, s'est rendu mercredi à l'université d'été du Medef pour prononcer un discours. De toute l'histoire de ce rendez-vous annuel, Jean-Marc Ayrault restait avant lui le seul Premier ministre à avoir pris une telle initiative.

Après le remplacement au ministère de l'Economie du trublion Arnaud Montebourg par l'initiateur du Pacte de responsabilité, Emmanuel Macron, Pierre Gattaz apparaît soulagé. Sans nommer personne, il fustige seulement "tous ceux qui n'ont d'autres propositions que des recettes du passé", "les postures médiatiques, les claquements de porte, les déclarations idéologiques, les emportements simulés, les injonctions dogmatiques".

"Le gouvernement a pris la bonne direction, celui de la baisse des charges des entreprises", estime le patron des patrons. "Mais il faut continuer (…) il faudra être tenace et courageux sur les trois ans qui viennent, ne pas dévier de la trajectoire", prévient-il. Son "conseil au nouveau gouvernement: osez les réformes", une façon d'encourager un Premier ministre qui a déjà "montré son courage et sa détermination".

> Pas de social sans compétitivité

"Tout ce qui est bon pour la compétitivité des entreprises est bon pour l'emploi, nos salariés et la France", martèle le chef du Medef, pour qui la "compétitivité doit être l'alpha et l'oméga de toutes politiques économiques".

"Je ne sais pas faire du social sans commande et sans compétitivité", tonne Pierre Gattaz devant un public galvanisé. Au cœur des applaudissements, le patron du Medef s'emporte et ajoute un "merde!".

Une condition sine qua non, selon lui, à l'aura de la France à l'étranger: "c'est la force économique d'un pays qui lui permet de peser sur la scène internationale". Bien que, "à [sa] grande surprise, cette évidence est encore contestée en France", il faut "définitivement rompre avec la vision romantique, naïve et parfois marxiste de l'économie".

"Chaque cotisation nouvelle sur les entreprises entraînera du chômage, chaque contrainte nouvelle entraînera du chômage, chaque taxe nouvelle entraînera du chômage. Que nos élus en soient persuadés", lance-t-il.

> Le travail n'est pas une "souffrance" mais un "épanouissement"

"Le chef d'entreprise a encore peur d'embaucher en France", reconnaît Pierre Gattaz. Pour relancer l'emploi, il faut d'abord changer de perception. "Pourquoi considérer le travail comme une souffrance qu'il faut combattre alors que c'est surtout un épanouissement pour la plupart de nos salariés?", interroge-t-il.

Il faut ensuite débattre, même des sujets tabous. "Est-ce qu'un code du travail qui n'est compréhensible ni par les salariés, ni par les entreprises, est tout ce que nous sommes capables de produire collectivement? Peut-on croire qu'il est protecteur pour nos salariés?".

> Les chefs d'entreprises doivent aussi changer

"Nous ne sommes pas en train de dire 'les autres doivent changer et pas nous'", assure le dirigeant de Radiall. Et de lister les pratiques sur lesquelles sa corporation doit évoluer: "Associer mieux les salariés à la création de valeur, et à la compréhension des choix stratégiques, progresser dans les modes de management, assumer l'obligation de formation de nos salariés, s'intéresser à la jeunesse, à sa diversité et à ses aspirations".

Côté business, il faudra procéder à "des efforts et progrès nécessaires en matière de satisfaction client, d'exportation, d'innovation, de management, d'excellence opérationnelle ou encore de montée en gamme". Il faudra miser sur "la french tech, la french touch, le french design, tant prisés par nos clients".

N.G.