Pointer en bleu de travail: la polémique du moment chez Airbus
Après un premier mouvement de débrayage mardi 16 février, les salariés d'Airbus des sites de Toulouse, Nantes et Saint-Nazaire sont de nouveau appelés ce jeudi à cesser le travail. Le motif: garder la possibilité de pointer en tenue de ville. Mais la coquetterie n'a rien à voir dans ce mouvement de protestation.
La direction présente ce 18 février, devant le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), un projet d'accord d'entreprise, qui doit être effectif à partir d'avril. Celui-ci obligerait le personnel d'atelier à badger une fois leur tenue de travail enfilée. Ce qui conduirait à retirer de leur journée de travail le temps passé à s'habiller et se déshabiller, soit une vingtaine de minutes par jour.
Des compensations insuffisantes selon les syndicats
"Face à un environnement de plus en plus concurrentiel Airbus doit continuer à améliorer sa compétitivité, et ce, à tous les niveaux de l'entreprise", explique l'avionneur dans un communiqué. Des compensations sont prévues: environ 60 euros par mois et 3 jours de récupération par an. Ce qui est en accord avec le droit du Travail qui stipule que "le temps nécessaire aux opérations d'habillage et de déshabillage doit faire l'objet de contreparties. Ces contreparties sont accordées soit sous forme de repos, soit sous forme financière".
Mais les syndicats estiment que le compte n'y est pas. La CGT pointe du doigt des compensations insuffisantes car elle considère de son côté que le "badgeage en bleu va entraîner une augmentation de 9 heures à 9 heures et 30 minutes le temps passé en plus en entreprise par mois".
Certains salariés se plaignent de voir leur qualité de vie mise à mal. "on n'était pas en attente d'argent ou de vacances, on avait besoin de conserver cette souplesse de confort pour avoir une vie", regrette Fabrice ajusteur monteur au micro de RMC.
Ce projet est également très mal perçu car l'entreprise, bien que bénéficiaire, continue à augmenter les cadences. "L’année dernière, on a livré 635 avions, cette année l’objectif est de 650. On ne peut pas toujours demander aux salariés des efforts alors que l’entreprise va de mieux en mieux" insiste Pascal Busson, secrétaire général CGT Airbus Nantes. Selon lui, sur les 2.700 salariés que compte le site de Nantes, 450 salariés ont débrayé mardi.