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Muriel Pénicaud prévoit un taux de chômage à plus de 10% dès 2020

La ministre du Travail était invitée sur le plateau de Good Morning Business, ce mardi. L'occasion de revenir sur la situation de l'emploi en France.

La France va retrouver un fort taux de chômage. Invitée sur le plateau de Good Morning Business, sur BFM Business ce mardi, la ministre du Travail Muriel Pénicaud estime que le taux de chômage français devrait "passer la barre des 10%" cette année, sans donner de chiffres précis.

"On s'attend à des défaillances d'entreprises. (Pour) celles qui étaient fragiles avant, le covid-19 est parfois le coup de grâce" explique-t-elle. "Et puis on s'attend aussi à des licenciements. C'est pour cela qu'on met en place toutes les mesures possibles pour limiter et trouver des alternatives possibles aux licenciements."

"Il faut mettre l'emploi en priorité" poursuit la ministre du Travail. "Dans le plan de relance" que le gouvernement prépare, l'emploi sera "la boussole" assure-t-elle.

"Il y a trois mois exactement, j'étais ici" pour annoncer un chiffre "historique", un plus bas du taux de chômage en France depuis 11 ans à 8,1%. "On avait les clignotants verts pour aller vers les 7%" mais "là ce n'est plus possible", admet-elle.

Plus tôt dans la matinée, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a dévoilé une perspective de récession très sombre pour la France : -11% en 2020.

Un chômage partiel longue durée

Une façon de lutter contre la hausse du chômage est la mise en place d'un chômage partiel longue durée par le gouvernement. "Le chômage partiel tel qu'on l'a pratiqué, massif et général, il ne peut pas durer en permanence" explique Muriel Pénicaud. Mais "il y a des secteurs où on sait qu'il y a des espérances raisonnables, sérieuses de rattrapage, mais qui vont mettre 6 mois, 12 mois, 18 mois" comme par exemple le secteur du tourisme ou celui de l'automobile.

D'où la mise en place de ce nouveau type de chômage partiel. Dans une entreprise, "pour ne pas licencier, on négocie le temps de travail et/ou la rémunération. Moyennant quoi l'entreprise s'engage à ne pas licencier. On met le paquet sur la formation, sur le temps de travail qui est réduit et, du coup, l'Etat vient pour compenser une partie de la perte du pouvoir d'achat" explique Muriel Pénicaud.

"J'espère que, d'ici la semaine prochaine il sera opérationnel" poursuit la ministre du Travail. "Je crois qu'il y a beaucoup d'entreprises qui vont considérer ça plutôt qu'un PSE (plan de sauvegarde de l'emploi, NDLR) (…) Si on a de l'espérance raisonnable, il faut aller vers ce chômage partiel longue durée."

Mais quelle part de cette perte du pouvoir d'achat l'Etat va-t-il prendre en charge? "On va en discuter avec les partenaires sociaux" dans les jours prochains, indique Muriel Pénicaud, sans donner plus de précisions.

Thomas Leroy