Pourquoi les patrons de TPE n'ont pas peur du chômage
Bien qu'ils soient peu nombreux à pouvoir prétendre à des indemnités de Pôle emploi, les dirigeants de TPE ne vivent pas le risque du chômage avec autant d'angoisse que les salariés. Les trois quarts d'entre eux assurent n’éprouver aucune crainte de se retrouver sans emploi dans les deux prochaines années. Et même parmi les jeunes chefs d’entreprise (société créée il y a moins de 5 ans) seuls 36 % ont peur de se retrouver au chômage.
Ces constats sont issus de la première édition de l'observatoire des dirigeants auprès de 400 dirigeants de petites entreprises (de moins de 20 salariés) et travailleurs indépendants mené par l'Ifop pour le groupe d'assurances April.
"Créer son entreprise individuelle ou sa TPE nécessite beaucoup d’énergie et de confiance. Les dirigeants ne peuvent pas prendre le risque de douter. Ils se sont lancés pour réussir et s’interdisent donc de penser au chômage" explique Thierry Millon, directeur des études chez Altares (exploitant de base de données sur les entreprises) interrogé pour les besoins de l'étude.
Pourtant, le risque de chômage n'est pas que virtuel pour ces dirigeants. 10% des patrons de TPE et d’entreprise individuelle sont passés par là. Dans le secteur des services aux entreprises, ils sont même un sur six. "Les dirigeants qui ont connu cette situation au moins une fois durant ces cinq dernières années citent deux motifs principaux: une décision judiciaire visant l’entreprise (pour 47% des cas) ou la cessation de leur activité (43%)" explique l'observatoire.
Neuf chefs d’entreprise sur dix savent que s'ils se retrouvent sans emploi, ils n'auront droit à aucune allocation leur permettant de compenser leur perte de revenu. Pour autant, la possibilité qu'ils ont de se couvrir contre ce risque en souscrivant une assurance privée les laisse très majoritairement de marbre. Ce filet de sécurité n'intéresse que 3% des patrons interrogés. Il est jugé trop coûteux par 39 % des dirigeants consultés, tandis que 19% répondent manquer d’information sur ces produits d'assurance.
Même lorsque le pire pour eux se produit, ces dirigeants ont une foi réelle dans leur capacité à rebondir: 53 % de ceux ayant connu une période sans activité professionnelle ont retrouvé du travail en moins de 3 mois. "Pour retrouver du travail, les entrepreneurs sont généralement passés par leur réseau professionnel (pour 53%), mais aussi par les annonces (51%) et l’envoi de candidatures spontanées (49%)" souligne l'observatoire.
Mais retrouver du travail signifie souvent... redevenir salarié: 56% des personnes interrogées ayant connu le chômage au moins une fois ces 5 dernières années ont repris une activité salariée sans être dirigeant. Ils ne sont que 25% à avoir poursuivi en tant que dirigeant non salarié et encore moins (15%) à avoir enchaîné avec une activité de dirigeant salarié.
"Un ancien dirigeant a bien souvent acquis une efficacité, une autonomie unique qui font de lui un candidat à part. Mais c’est encore peu reconnu en France" conclut Georges Weil, dirigeant de Pépite oZer, un pôle étudiants pour l'innovation, le transfert et l'entrepreneuriat, basé à Grenoble.
Obtenir une allocation de Pôle Emploi quand on a été dirigeant, c'est possible
Les dirigeants d’entreprise ou associés qui justifient d’un contrat de travail peuvent bénéficier de l’assurance chômage versée par Pôle emploi. Mais sous certaines conditions. Le contrat de travail doit être caractérisé par l’exercice de tâches techniques et l’existence d’une rémunération correspondant à un salaire.
Les associés uniques ou gérants associés uniques dans une entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL) ne sont pas couverts par l’assurance chômage. Tout comme le président associé unique ou majoritaire dans une société par actions simplifiée (SAS). Chaque cas doit faire l’objet d’une étude de situation par Pôle emploi.