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Protection sociale : le match France-Allemagne

L'Allemagne taxe moins les entreprises pour financer sa protection sociale

L'Allemagne taxe moins les entreprises pour financer sa protection sociale - -

La direction du Trésor vient de consacrer une comparaison aux régimes de protection sociale français et allemand. Si le Français protège globalement mieux, l'Allemand réclame moins de cotisations aux employeurs.

A l'heure où le gouvernement Ayrault va lancer une négociation sur le financement de la protection sociale, la direction du Trésor de Bercy vient de publier une comparaison des systèmes sociaux français et allemands.

Première constatation de l'étude de la direction du Trésor: le poids des dépenses de protection sociale est comparable dans les deux pays : 33,1% du PIB en France et 31,4% en Allemagne. En revanche, la part publique de ces dépenses est un peu plus forte dans l'Hexagone (32% contre 28,5%).

Les recettes de protection sociale sont également comparables: respectivement 32,1% et 32,6%. Mais l'Allemagne ne réclame que 11,1% de cotisations aux employeurs quand la France en demande 14%. A l'inverse, les cotisations des salariés représentent 6,7% du PIB en France contre 9,4% outre-Rhin.

Particularité allemande: les cotisations sociales sont davantage plafonnées qu'en France. En d'autres termes, les hauts revenus cotisent proportionnellement moins que leurs homologues français.

Les recettes fiscales (impôts plus CSG en France) alimentent quant à elles les régimes sociaux à hauteur de 10,2% dans l'Hexagone contre 11,5% outre-Rhin.

Les chômeurs mieux indemnisés en France

Concernant plus spécifiquement la prise en charge des chômeurs, l'étude démontre que le système français est globalement plus généreux tant en matière de durée d'indemnistaion que de montant des allocations versées. Et ce, depuis les réformes sociales de 2003 en Allemagne.

En France, la règle de base est actuellement d'un jour indemnisé pour un jour travaillé, alors qu'en Allemagne, il faut deux mois de cotisations pour un mois d'indemnisation.

Autre différence: les deux pays ne pratiquent pas le même taux de cotisations chômage. Il est de 6,4% dont 4% à la charge des employeurs en France, quant il est de 2,8% dont 1% pour les employeurs.

Mais la grande différence en matière d'emploi se situe ailleurs: l'Allemagne consacre davantage de moyens financiers au service public de l'emploi (l'équivalent de Pôle emploi) afin de permettre aux chômeurs de retrouver un travail quand la France préfère investir dans les différents types d'emplois aidés.

L'assurance maladie allemande à l'équilibre

Depuis 2004, l'assurance maladie allemande est globalement équilibrée, voire excédentaire, quand la Française accuse des déficits allant de cinq à sept milliards d'euros par an.

Depuis 1996, note le Trésor, l'Allemagne a engagé des réformes structurelles visant à réglementer l'offre de soins (moindres remboursements, franchises, contrôle accru des médecins... ) tout en augmentant les cotisations des assurés.

D'ailleurs, au-delà d'un certain salaire (4050 euros brut par mois), les Allemands ne sont plus obligés de cotiser à l'assurance maladie et peuvent se tourner vers des assurances privés.

Par ailleurs, les Allemands ont accru la concurrence entre caisses d'assurance maladie, qui doivent par ailleurs augmenter les cotisations de leurs assurés en cas d'augmentation des dépenses...

Patrick Coquidé