Quand la SNCF traite ses propres agents de "racaille" ou de "conne"
Se faire traiter de tous les noms d'oiseaux par des voyageurs mécontents, c'est une mésaventure qui arrive fréquemment aux agents de la SNCF. En revanche, faire l'objet de propos diffamatoires et d'insultes de la part de leur direction, le cas est inédit. Les syndicats CGT et Sud Rail ont découvert il y a une quinzaine de jours des documents manuscrits dans un bureau de la gare Saint-Lazare, à Paris, révèle le Parisien de ce 29 novembre.
On pouvait y découvrir la liste d'environ 25 agents de départ de la SNCF, en charge de donner le signal pour le départ du train. Aux côtés de leur nom figuraient une liste d'annotations liées à leur vie privée, comme "marié à une étrangère", "vient de rompre" ou encore leur appartenance syndicale, un fichage qui est illégal. Mais l'indignation des syndicalistes a atteint son comble à la lecture de commentaires diffamatoires liés à leur comportement ou leurs défauts.
Le document comportait des mentions comme "très chiant côté sécu", "travail correct mais pas ouf", "stupide"," fêtard", "un peu instable", "un peu conne" ou encore "racaille bas de plafond mais qui ne travaille pas trop mal quand même."
La direction a présenté ses excuses
Saisie le 14 novembre par les syndicalistes, la direction a adressé ses excuses à l'ensemble de ses agents et a condamné ce système de fichage. Le 17 novembre, elle a lancé une enquête éthique indépendante. Elle a même proposé à l'équipe concernée par ces documents d'être reçue par le service des ressources humaines et de bénéficier d'une aide psychologique.
"Cette liste, probablement rédigée il y a un an lors de la passation de pouvoir entre deux dirigeants de proximité contient des propos inappropriés, injustifiés et contraire à la charte de l'éthique de l'entreprise portant notamment sur la vie privée de certains agents de votre équipe", écrit Renaud Mermillod, dirigeant d'unité opérationnelle de Saint-Lazare, dans une lettre diffusée en interne que le Parisien s'est procuré. Deux agents ont été écartés en attendant la fin de l'enquête.
Pour les syndicats, ce fichage n'est pas isolé, mais reflète une méthode de management mise en place par l'équipe dirigeante de l'Etablissement gare Transilien. Selon Abien Ambrosio de Sud Rail, cette même pratique de fichage a été signalé dans la zone de Cergy en 2013. Ce que la direction réfute, en expliquant que les dossiers n'avaient cette fois rien d'insultant et auquel le CHSCT n'avait rien trouvé à redire. Le quotidien précise toutefois qu'on pouvait y lire des commentaires tels que "gros problème avec l'alcool".