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Emploi

Quand le patronat siffle le gouvernement

Le patronat a exprimé son mécontentement le 3 décembre à Lyon.

Le patronat a exprimé son mécontentement le 3 décembre à Lyon. - Philippe Desmazes - AFP

Au troisième jour de mobilisation des chefs d'entreprise, la CGPME, le Medef, l'UPA étaient réunis à Lyon le 3 décembre. Ils ont dénoncé la politique économique du gouvernement. Et ils ont appelé au dialogue.

Lorsque le patronat n'est pas content, il le fait savoir. Les trois principales confédérations patronales (CGPME, Medef, UPA) ont affiché leur unité, mercredi 3 décembre, à Lyon, au troisième jour d'une semaine de mobilisation des chefs d'entreprise qui a avivé les tensions avec le gouvernement.

Après les cartons jaunes brandis en octobre 2013, les patrons sont de retour à Lyon, non pas pour sortir le carton rouge mais pour "siffler" le gouvernement et sa politique économique.

"C'est une mobilisation qu'on a voulue pédagogique, de terrain, républicaine, apolitique, ce n'est pas une mobilisation contre le gouvernement, c'est une mobilisation pour l'emploi et la croissance", a assuré le patron du Medef, Pierre Gattaz. "Le grand message de ce soir, c'est écouter les gens qui sont sur le terrain".

Le président de la CGPME, Jean-François Roubaud, a demandé pour sa part la suspension "immédiate" du compte pénibilité jugé "inapplicable" et "irréaliste". "Nous avons une obligation de résultats pour notre pays", a-t-il ajouté" appelant à continuer ce "dialogue avec ceux qui nous gouvernent de manière un peu plus calme que de s'envoyer des noms d'oiseaux face à la presse".

Les griefs du patronat sont multiples : la durée minimale de travail de 24 heures hebdomadaires pour les nouveaux contrats à temps partiel, l'obligation d'informer les salariés en cas de cession de l'entreprise et, surtout, l'entrée en vigueur du compte personnel de prévention de la pénibilité à partir du 1er janvier 2015 sont au coeur du bras de fer avec le gouvernement entamé cette semaine.

"Un problème Gattaz"

Le pacte de responsabilité prévoit que chaque branche professionnelle ouvre des négociations pour établir des contreparties aux 40 milliards d'euros de baisses de prélèvements accordées aux entreprises. Mais, selon le gouvernement, seuls deux accords ont été signés pour le moment et la moitié des 50 principales branches professionnelles n'ont pas encore planifié de négociations.

Cependant, Emmanuel Macron s'est dit mercredi "confiant et optimiste" quant à la perspective prochaine de "nouveaux accords de branche", martelant que le pacte n'était "pas menacé".

"Le pacte de responsabilité, dont il ne faut pas se moquer, va porter ses fruits", a renchéri le ministre du Travail, François Rebsamen, promettant qu'avant la fin du mois, "des accords significatifs seront signés grâce à ce pacte".

Le Premier ministre, Manuel Valls, avait dénoncé mardi devant les députés les "provocations" de certains "dirigeants du patronat", qui ne sont "pas à la hauteur" de leurs "responsabilités".

Le chef du Medef, qui a récemment appelé à supprimer l'impôt sur la fortune et à réformer l'obligation de justifier les licenciements, concentre depuis plusieurs jours les critiques du gouvernement, dont le porte-parole, Stéphane Le Foll, a déclaré dimanche: "Il y a un problème Gattaz".

Dans un entretien à paraître vendredi dans l'hebdomadaire Marianne, le patron de l'opérateur Orange, Stéphane Richard, se dit "réservé" sur la stratégie de communication de Pierre Gattaz". "Demander à un gouvernement de gauche de supprimer l'ISF (impôt sur la fortune, ndlr), c'est de la provocation inutile", a-t-il estimé.

D. L. avec AFP