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Quand un grand patron se fait coacher par un junior

Pour que la transmission du savoir se fasse entre les générations, les jeunes coachs ont souvent droit à des sessions de formation.

Pour que la transmission du savoir se fasse entre les générations, les jeunes coachs ont souvent droit à des sessions de formation. - Goelshivi- Flickr- CC

La génération Y possède une indéniable virtuosité dans le maniement des outils numériques. C'est donc la plus à même de former ses aînés avec les nouvelles technologies, même les patrons.

Avec le mentoring inversé, c'est un peu le monde à l'envers. Ce sont les jeunes générations qui donnent des leçons aux plus âgés. Mais attention, cette stratégie de management s'applique à des connaissances très particulières, liées au numérique. Car la génération Y, celle des "digital natives", maîtrise comme personne les outils numériques et les technologies de l'information. D'ailleurs, ils ont expliqué le fonctionnement des smartphone, Facebook, Netflix et Twitter à leurs parents… avec beaucoup de patience. Ils pourraient donc faire la même chose avec leurs boss.

"Les dirigeants connaissaient, de mémoire, les chiffres clés de l'économie numérique, comme le montant de l'acquisition de WhatsApp par Facebook. Ils savent qu'Happn cartonne mais ils sont loin de savoir comment cela marche", explique un coach en mentoring inversé. Ils ont donc besoin d'une mise à niveau pour mieux appréhender les enjeux de la transformation numérique.

Mais quel grand patron va accepter un renversement de hiérarchie, même pour quelques heures? Apparemment beaucoup. Il faut déjà savoir que l'inventeur du process est un grand patron: c'est le PDG de General Electric, Jack Welsh, qui dans les années 90, se voyant dépassé par les usages d'internet et des nouvelles technologies, a mis en place des sessions de formation pour lui et 600 de ses cadres. L'idée a fait son chemin puisque des grands groupes comme AXA, Engie, Danone ou encore Orange ont mis en place des sessions de mentoring inversé.

Mais pour que la transmission du savoir se fasse entre les générations, et que chacun tire bénéfice de cette expérience, le processus de coaching nécessite d'être bien préparé et encadré. Il faut ainsi respecter certains principes :

> Privilégiez les tête-à-tête

Cette formule en petit comité permet aux deux parties d'échanger en toute liberté, sans avoir la crainte d'être jugé sur ses lacunes. Et cela permet aussi que les rapports hiérarchiques soient levés.

> Choisissez avec soin les jeunes experts

Avoir moins de 30 ans ne suffit pas à en faire un formateur aguerri dans le numérique. Au-delà de l'enthousiasme qu'il peut afficher, il faut d'abord vérifier si l'apprenti coach a les connaissances adéquates. Et enfin, il faut aussi s'assurer qu'il a la capacité de transmettre ses connaissances.

> Donnez-leur une formation 

Même si les jeunes mentors ont l'habitude d'expliquer à leur entourage comment s'en sortir sur les réseaux sociaux, ils ne peuvent pas utiliser les même ficelles avec les membres de l'entreprise. Et ils peuvent aussi être impressionnés par l'idée de côtoyer un de leur hauts dirigeants. Pour cela, les coach sont préparés à cet exercice. Par exemple, Axa fournit une formation de deux jours à ses centaines de mentors pour leur épargner tout stress.

> Pensez à mélanger les services

Chez Danone, on ne "mentore " pas son manager direct. D'autres entreprises ont fait un choix plus extrême encore, en embauchant des mentors venus de l'extérieur. Pour les dirigeants, cela permet de montrer librement son ignorance… sans crainte.

Dernier conseil pour les jeunes formateurs: si votre boss vous demande, comme votre mère, à quelle heure ferme internet ? Prenez sur vous !

L.C. avec C.C.