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Emploi

Quels sont les secteurs qui discriminent le plus à l'embauche?

Une part importante de la population a déjà été confrontés à de la stigmatisation

Une part importante de la population a déjà été confrontés à de la stigmatisation - rawpixel - AFP

Les résultats de la dernière grande campagne de testing réalisée par une une équipe de chercheurs mandatée par le gouvernement a été publiée. Malgré les mesures prises, la discrimination liée à un nom de famille à consonance maghrébine ne baisse pas.

Un nom à consonance maghrébine ou une adresse dans une banlieue sensible n'aident pas à décrocher un entretien d'embauche voire un job. Pire, ils constituent de vrais handicaps. Le constat n'est pas nouveau et la situation ne s'améliore pas malgré les mesures prises par les gouvernements successifs.

Les résultats de la dernière grande campagne de testing* réalisée par une une équipe de chercheurs mandatée en 2018 par le gouvernement (candidatures et demandes d’information, à la fois en réponse à des offres d’emploi publiées ou de façon spontanée) publiée ce mercredi le prouvent.

Les auteurs, des universitaires de Paris-Est Marne-la-Vallée et de Paris-Est Créteil parlent ainsi d'une discrimination à l'embauche encore "robuste et significative selon le critère de l’origine, à l’encontre du candidat français présumé maghrébin, dans tous les territoires testés".

20% de chances en moins pour un candidat d'origine supposée maghrébine

Concrètement, il y a 20% de chances en moins d'obtenir une réponse lors d'une candidature à une offre d'emploi pour un candidat d'origine supposée maghrébine par rapport à un candidat au patronyme "franco-français". "On estime que la discrimination fondée sur l'origine est moins importante, en termes absolus, dans le cas du test de candidature spontanée que dans le cas du test de réponse aux offres publiées", précise néanmoins l'étude.

Petite lueur d'espoir néanmoins, les auteurs observent "une discrimination plus faiblement significative selon le lieu de résidence, pour une partie des tests". "Sur les 103 entreprises testées, nous identifions entre 5 et 15 entreprises discriminantes selon les indicateurs utilisés et le seuil des tests", écrivent-ils. 

Trois secteurs discriminent plus

Y'a-t-il des secteurs plus discriminants que d'autres? "L’industrie, les biens de consommation et les services aux entreprises se différencient significativement des autres secteurs par une discrimination significative", selon l'origine peut-on lire. En terme de discrimination selon son lieu de résidence, seul le secteur de l'industrie se démarque.

Au niveau du type d'entreprise, "les entreprises dont le chiffre d'affaires est supérieur à la médiane discriminent nettement plus le demandeur nord-africain que les entreprises dont le chiffre d'affaires est inférieur à la médiane. Une interprétation est que les très grandes entreprises sont plus attractives, suscitant un nombre plus élevé de candidatures pour chaque poste, ce qui implique une plus grande sélectivité dans le recrutement et, partant, une exposition au risque de discrimination plus élevée", soulignent les auteurs.

L'étude ne nomme pas les entreprises les plus discriminantes contrairement à ce qui avait annoncé par le gouvernement, déplore la Fédération nationale des Maisons des potes, une association qui lutte contre les discriminations. Du côté du gouvernement, on se défend d'avoir mis l'étude sous le tapis. "On a utilisé les résultats pour discuter avec les entreprises et les amener à changer de pratiques. En outre, le 'name and shame', il faut que ce soit cadré juridiquement, même si on ne s'interdit rien", explique-t-on à l'AFP.

*Cette étude présente les résultats de tests de discrimination dans l’accès à l’emploi, correspondants à 17.163 demandes émanant de candidats fictifs envoyées entre octobre 2018 et janvier 2019 à 103 très grandes entreprises françaises parmi les 250 plus fortes capitalisations de la Bourse de Paris, selon deux critères, l’origine et le lieu de résidence. A chaque test, deux profils fictifs identiques sont envoyés, l'un avec un prénom et nom d'origine maghrébine (comme Hicham Kaidi ou Jamila Benchargui), l'autre avec un patronyme d'origine française (comme Julien Legrand ou Emilie Petit). Ont été utilisées plusieurs méthodes de tests, en combinant des candidatures et des demandes d’information, à la fois en réponse à des offres d’emploi publiées ou de façon spontanée. Ont été produits des indices de discrimination représentatifs des recrutements au niveau d’une entreprise donnée et comparables d’une entreprise à une autre.

Olivier Chicheportiche