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Rémunération des patrons: "le say on pay" est la bonne solution selon Aon Hewitt

En avril 2012, les actionnaires de Barclays avaient voté contre un bonus pour le patron Bob Diamond en raison des mauvaises performances de la banque britannique.

En avril 2012, les actionnaires de Barclays avaient voté contre un bonus pour le patron Bob Diamond en raison des mauvaises performances de la banque britannique. - -

Pierre Moscovici a fait savoir, ce vendredi 24 mai, que le gouvernement ne limitera pas le salaire des patrons du privé par la loi. Il compte sur l'autorégulation. Pour le cabinet Aon Hewitt, c'est la bonne solution.

Une loi devait intervenir avant l'été pour encadrer la rémunération des patrons du privé. L'été arrivera peut-être, mais pas la loi. Le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, a indiqué ce vendredi 24 mai dans Les Echos que le gouvernement y renonçait et comptait désormais sur une "autorégulation exigeante". Pour le cabinet Aon Hewitt, l'évolution de la rémunération des dirigeants va dans ce sens.

"Il y a quinze ans, les patrons bénéficiaient de beaucoup d'avantages en nature", explique Vincent Cornet, responsable de l’activité rémunération chez Aon Hewitt. Le patron profitait généralement d'un logement et d'un système de retraite spécifique dans les secteurs industriels de la chimie, du pétrole, les banques, l'énergie.

Aujourd'hui, "ces systèmes sont largement reniés", assure Vincent Cornet. Les entreprises, dans un souci d'optimisation stratégique, ont lâché leur parc immobilier et préfèrent louer leurs bureaux, ce qui leur permet d'être plus flexibles pour s'adapter à la conjoncture.

Un niveau de salaire qui a doublé en 20 ans

Par ailleurs, les éléments de rémunération des dirigeants sont devenus de moins en moins fixes et de plus en plus variables. Schématiquement, la rémunération des patrons se compose aujourd'hui d'"un tiers de fixe, un tiers variable, et un tiers d'intéressement à long terme", comme des actions gratuites, explique l'analyste d'Aon Hewitt.

Certes, le niveau des salaires des patrons "a beaucoup progressé ces dernières années", reconnaît-il. En 1995, un patron du CAC 40 gagnait 10 millions de francs par an, soit 1,5 million d'euros. Aujourd'hui, c'est trois millions.

Mais selon Vincent Cornet, "la taille et l'internationalisation des entreprises se sont accrues, et le monde s'est aligné sur les pratiques anglo-saxonnes". En outre "la perméabilité des dirigeants et l'internationalisation du marché tire aussi les salaires vers le haut".

L'avenir: la rémunération à la performance

Quand le Qatar propose à Nicolas Sarkozy de diriger son fonds souverain doté de 500 millions de dollars, la rémunération proposée est bien secrète, mais "on la sait mirobolante", souligne Vincent Cornet, pour qui cela "crée de la concurrence avec les autres patrons du privé".

"De fait, les patrons français sont désormais payés autant que les étrangers, mais les performances des entreprises françaises ne sont pas forcément aussi bonnes", explique le consultant. C'est là que le bât blesse.

Justement, la primauté du critère de la performance, Vincent Cornet en est convaincu, est l'avenir de la rémunération des patrons. Notamment via le "say on pay", cette règle anglo-saxonne qui prévoit que les assemblées générales d'actionnaires aient un droit de vote sur les salaires des dirigeants. Pierre Moscovoci, l'a d'ailleurs vantée, ce vendredi, dans son interview aux Echos. Elle est appliquée en Suède, en Norvège et en Suisse, depuis ce début 2013. "Une évolution mondiale" pour le représentant d'Aon: "il n'y a pas de questions à se poser, il faut y aller".

Nina Godart