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Salon de l'Agriculture : la filière manque de bras et de cerveaux

Selon le ministère de l'Agriculture, le revenu moyen avant impôt d'un exploitant agricole est de 45 000 euros/an.

Selon le ministère de l'Agriculture, le revenu moyen avant impôt d'un exploitant agricole est de 45 000 euros/an. - -

Le secteur agricole est un gisement d'emplois qui peine à être satisfaits. La filière veut utiliser le Salon de l'Agriculture, pour trouver des candidats.

Plus de 700 000 visiteurs sont attendus jusqu'au 3 mars, à Paris, pour le Salon International de l'Agriculture. Et peut-être que, pour certains, cette visite sera l'occasion de déclencher une vocation. Car la filière agricole manque de bras. Selon le Fonds national d'assurance formation des salariés des exploitations et entreprises agricole (Fafsea), 12 000 emplois resteraient vacants, faute de candidats.

Pourtant la filière offre une grande diversité de métiers, qui va bien au-delà des agriculteurs et des éleveurs, et concerne toutes les régions de France. Par exemple, l’Aquitaine recherche des chauffeurs mécaniciens, la Bretagne des agents d’exploitation en porc et lait et le Languedoc, le Roussillon des agents de cave, selon le Fafsea.

Des formations de plus en plus pointues

C'est donc un bâtiment complet du Salon (le pavillon 4) qui est consacré à la présentation des services et métiers de l'agriculture. Les organisations professionnelles sont à pied d'œuvre pour tenter de mettre fin au déficit d'image de la filière.

Car les métiers évoluent : le travail est devenu moins physique, grâce à la mécanisation et à l'électronique embarquée, mais il devient dans le même temps plus complexe. Ce qui nécessite de passer par un cursus de formation. Ainsi, un agriculteur sur 7 de moins de 40 ans a un niveau de formation BAC+2. Parmi les exploitants qui s'installent aujourd'hui, ils sont désormais un tiers à disposer de ce niveau d'études.

Mais comment convaincre ces recrues ? D'abord en proposant de financer les formations professionnelles. Les demandeurs d'emplois prêts à se reconvertir dans les filières désertées peuvent profiter de cet avantage. Un système qui fonctionne puisque 3 000 personnes en ont bénéficié en 2012, contre 2 269 en 2011 et 1 578 en 2010.

Un secteur qui se féminise

De plus, la filière a de nombreux atouts, pas forcemment connus. La perspective de trouver un emploi à la fin de la formation est en un. Ainsi, selon le Fafsea, 6 mois après la sortie d'un stage de reconversion, 7 demandeurs d’emploi sur 10 sont en contrat de travail ou suivaient une formation professionnelle complémentaire. Du côté des formations longues, le constat est le même : 73 % des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur agricole travaillent 6 mois seulement après la fin de leurs études, met en avant l'Association nationale emploi formation en agriculture (Anfea).

Ces perspectives d'embauches concernent tous les candidats, y compris les femmes. Car la profession s'est fortement féminisée ces dernières années. Attention, on ne parle pas de conjointes d'agriculteurs, mais de femmes à la tête d'exploitation : elles étaient 160 000 à diriger leur entreprise agricole en 2010, soit près du quart des effectifs. Elles constituent également 40 % des salariés agricoles. Autre source de débouchés : l’enseignement agricole où leur part est passée de 39 % en 1990 à 52 % en 2010.

Point noir : les rémunérations

Un point sombre demeure : la niveau de rémunération, qui est souvent un frein pour les candidats. Selon le ministère de l'Agriculture, le résultat courant moyen avant impôts des exploitations agricoles s’est élevé à 36 500 euros par actif en 2012. Mais il cache de grandes disparités : les céréaliers atteignent les 80 000 euros annuels, grace à la hausse des cours. La filière du porc est elle aussi rémunératrice, avec en moyenne 46 700 euros avant impôt par actif. Mais dans l'arboriculture, l'élevage de caprins, de bovidés à viandes, le revenu moyen tourne autour des 15 500 euros par actif.

Coralie Cathelinais