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Semaine de grèves contre la loi Travail: les routiers donnent le "la"

"Les routiers ont inauguré une semaine de grèves contre le projet de loi Travail, ce mardi 17 mai. Plusieurs manifestations ont par ailleurs eu lieu dans l'ensemble du territoires rassemblant au total  68.000 personnes, selon le ministère de l'Intérieur, et plus de 200.000 selon la CGT."

La semaine de tous les dangers pour le gouvernement a débuté ce mardi. Et ce sont les routiers qui démarrent les hostilités. Barrages filtrants, blocages de zones logistiques... Les routiers ont débuté ce mardi 17 mai une semaine de grèves reconductibles dans divers secteurs contre le projet de loi Travail. Sept syndicats (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl) étaient l'initiative de deux nouvelles journées d'actions unitaires mardi et jeudi, les sixième et septième en un peu plus de deux mois, pour contester le texte de la ministre Myriam El Khomri, jugé trop favorable aux entreprises.

Les cortèges de rassemblaient entre 3.500 (police) et 10.000 personnes (syndicats) à Nantes où de premiers affrontements ont éclaté, 2.300 et 8.000 à Toulouse, 1.700 à 7.000 à Lyon, 1.400 à 3.000 à Montpellier, entre 1.100 et quasiment 2.000 à Rennes, selon les sources.

À Marseille, la manifestation a rassemblé 6.800 personnes selon la préfecture, 80.000 selon la CGT, soit plus que lors des trois dernières journées de mobilisation.

Le Havre paralysé

Environ 3.000 personnes, selon l'intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaire et Unef, ont paralysé Le Havre, ainsi que les zones portuaire et industrielle de la cité normande. Les manifestants avaient installé une quinzaine de points de blocage, notamment au niveau de l'autoroute, du rond-point du pont de Normandie et devant le dépôt de la raffinerie Total.Le port de Saint-Nazaire et la raffinerie de Donges, près de Nantes ont également été paralysés.

À Rennes, une opération escargot initiée par une douzaine de voitures avait lieu sur la rocade sud, en direction de l'ouest, a indiqué William Morin, de FO Transports Ille-et-Vilaine. Les manifestants FO et CGT, accompagnés de jeunes venus aussi en voiture, devaient rejoindre la sortie vers Lorient afin de bloquer la circulation des poids lourds sur les deux sens, mais en laissant passer les automobiles, indique-t-il.

Manifestation sur l'A11

À Caen, un blocage filtrant était en place en début de matinée à une sortie du périphérique, laissant passer les automobiles au ralenti mais pas les poids-lourds, selon la préfecture. Une manifestation avait lieu sur l'autoroute A11 au nord du Mans, selon Bison futé, et un des deux principaux points d'entrée à Lorient était bloqué par 200 manifestants, selon France Bleu.

Des barrages filtrants étaient également organisés pour bloquer les poids-lourds à Calais, Lille, Dunkerque, Avignon, Marseille, Bordeaux et Nantes Saint-Nazaire, selon le secrétaire général de FO-Transports, Patrice Clos, interrogé par l'AFP.

Les syndicats de routiers s'inquiètent de potentielles baisses de salaires, le projet de loi Travail prévoyant qu'un accord d'entreprise puisse ramener la majoration des heures supplémentaires à 10% au lieu des 25% généralement pratiqués.

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Des manifestions dans les rues

La grogne s'exprime aussi dans la rue, avec des manifestations dans plusieurs villes de France. À Paris, la CGT a dénombré 55.000 manifestants. La préfecture de police, elle, en recense entre 11.000 et 12.000.

Plus globalement, 68.000 personnes ont pris part à cette journée de mobilisation, dont 56.300 en province, selon le ministère de l'Intérieur. La CGT, elle en a recensé 220.000. 

Il s'agissait pour les syndicats de relancer le mouvement, moins suivi la semaine dernière, avec 55.000 manifestants recensés par les autorités, contre 390.000 (1,2 million, selon les syndicats) le 31 mars. Et de profiter de la lenteur du processus parlementaire, le projet de loi Travail devant être débattu en juin au Sénat avant un nouvel aller-retour entre les deux chambres, pour une adoption définitive en juillet.

Des perturbations prévues mercredi et jeudi

Adopté sans vote en première lecture la semaine dernière après un recours à l'article 49.3 de la Constitution, le projet de loi instaure la primauté des accords d'entreprises sur les accords de branche, un casus belli pour les syndicats. Chez les routiers, on redoute aussi des baisses drastiques de salaires, le texte prévoyant qu'un accord d'entreprise puisse ramener la majoration des heures supplémentaires à 10% au lieu des 25% généralement pratiqués.

À un mois de l'Euro 2016 de football en France, des grèves reconductibles ont également été annoncées à partir de mercredi à la SNCF, où des revendications internes s'ajoutent au rejet de la loi Travail, ainsi que chez les dockers, marins, facteurs, à Aéroports de Paris.

Le trafic sera "perturbé", avec en moyenne la moitié des TER en circulation et 2 TGV sur 3, a annoncé mardi la SNCF. En Ile-de-France, 3 RER sur 4 circuleront et 6 Transilien sur 10. Côté grandes lignes, les TGV Atlantique, Sud-Ouest et Nord seront les plus perturbés, avec seulement un train sur deux, alors que le trafic est annoncé "normal" sur l'axe Est. En outre, 60% des Ouigo (TGV à bas coûts) doivent rouler. Prendre un Intercité sera également compliqué, avec 40% de liaisons assurées en journée, aucune la nuit. En Ile-de-France, les perturbations les plus importantes sont annoncées sur les lignes Transilien P (1 train sur 3), L, R, U (1 train sur 2). Côté RER, la prévision est de 4 trains sur 5 pour la très fréquentée ligne B. Elle est de 2 trains sur 3 pour les lignes A, C et D, et 1 sur 3 pour le RER E. En régions, 50% des TER sont annoncés en moyenne. Les clients sont invités à se renseigner localement. A l'international, le trafic sera normal sur Eurostar, Thalys et Alleo, quasi normal sur Lyria. En revanche, seuls 60% des Elipsos (trains vers l'Espagne) devraient circuler.

Des perturbations sont également attendues dans les airs jeudi, jour de mobilisation des aiguilleurs du ciel.

D. L. avec AFP