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Travail détaché: les routiers manifestent aux frontières

Une cinquantaine de routiers bloquaient mardi 21 novembre l'entrée du tunnel du Fréjus à l'appel de plusieurs syndicats. (image d'illustration)

Une cinquantaine de routiers bloquaient mardi 21 novembre l'entrée du tunnel du Fréjus à l'appel de plusieurs syndicats. (image d'illustration) - Franck Perry - AFP

Plusieurs centaines de routiers français manifestent ce mardi matin aux abords des frontières. Ils bloquent notamment l'accès au tunnel du Fréjus, axe de circulation majeur entre la France et l'Italie, ainsi que l'autoroute A22, porte d'entrée vers la Belgique.

Dans le cadre d'une semaine de mobilisation initiée par l'ETF -la fédération européenne des travailleurs des transports- les routiers manifestent contre l'exclusion du transport routier de la nouvelle directive européenne encadrant le travail détaché.

Environ 200 routiers manifestaient dans la matinée sur l'autoroute A22 à hauteur de Menin, à la frontière franco-belge. Une opération escargot a également eu lieu sur cette autoroute Lille-Gand, où une trentaine de véhicules sont partis à 06H00 de Lille pour se diriger vers l'ancien poste-frontière de Rekkem. Vers 07H30 les routiers ont mis en place un barrage filtrant sur l'autoroute à hauteur de Menin. 

Le tunnel du Fréjus bloqué 

Vers 6H30, les manifestants, à pied, bloquaient dans le calme avec des palettes la rampe d'accès du tunnel côté français, à Modane en Savoie, selon un photographe de l'AFP sur place.

De nombreux camions étaient empêchés de passer dans les deux sens et commençaient à se mettre à la queue leu leu. Le tunnel du Fréjus relie Modane à la ville italienne de Bardonecchia dans le Piémont. "On fait du filtrage: on bloque les poids lourds mais on laisse passer les voitures", a expliqué à l'AFP Antoine Fatiga, de la CGT.

"On ne veut pas que les routiers soient les esclavagistes de la route. Quand les gens sont sur le sol français, ils doivent avoir les mêmes droits. Quand ils viennent travailler ici pour deux fois moins cher que nous, on a du mal à garder son boulot", a ajouté le syndicaliste.

Les syndicats dénoncent une concurrence déloyale 

"Les mesures proposées ne sont pas les bonnes, elles vont augmenter le dumping social et vont faire en sorte qu'il y ait plus de concurrence déloyale entre entreprises et ça, c'est un danger pour les travailleurs du transport, mais aussi pour les citoyens", a déclaré Roberto Parrillo de la Fédération européenne des travailleurs des transports. "Nous demandons à l'Europe de prendre les mesures pour combattre ce dumping social et pour faire en sorte qu'il y ait une concurrence loyale", a-t-il ajouté. 

"À partir du moment où les salariés d'autres pays, comme la Pologne ou la Roumanie, qui n'ont pas la même rémunération que les salariés en France ou en Hollande ou en Belgique, viennent en France faire de l'activité de transport, mais que leur salaire est moindre que le nôtre, et leurs conditions de travail pires que les nôtres, le coût du transport baisse", a expliqué de son côté Jean-Marc Lambert, de la CGT.

Pour obtenir un compromis au sein de l'UE, la France a accepté en octobre d'exclure le transport routier de la directive révisée sur le travail détaché. Pour ce secteur hyperconcurrentiel, l'ancien texte continuera de s'appliquer jusqu'à la réforme du "paquet mobilité" dédié à la profession. 

D'autres mobilisations sont attendues dans la journée aux frontières françaises à l'appel de l'intersyndicale des routiers (CFDT, CGT, FO, CFTC, CGE-CGC).

A.M. avec AFP