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Un entrepreneur "pigeon": si le budget 2013 est voté, "on va casser la dynamique"

L'alignement de la taxation des revenus du capital sur ceux du travail continue de susciter un tollé chez les patrons

L'alignement de la taxation des revenus du capital sur ceux du travail continue de susciter un tollé chez les patrons - -

Patrick Robin, l’un de ces rares entrepreneurs à s'afficher comme étant "de gauche", s’indigne à son tour de l'alignement de la taxation des revenus du capital sur ceux du travail. Comme beaucoup d’autres, il craint qu’elle ne tarisse à la source l'investissement dans les start-up. Le mouvement des entrepreneurs "pigeons" prend visiblement de l'ampleur...

Les cris d’alarme continuent de se multiplier sur les réseaux sociaux ce 2 octobre. Entrepreneurs, investisseurs, réunis au sein du mouvement des "pigeons", dénoncent l’alignement de la taxation du capital sur celle des revenus. Parmi eux, Patrick Robin, fondateur et président directeur général de l’agence de communication digitale, 24h00. Cet entrepreneur qui se revendique "de gauche", invité sur BFM Business ce matin, ne peut croire que cette mesure fasse consensus dans les rangs de la majorité.

"Les députés socialistes ne sont pas comme Pierre Moscovici, ils ne pensent pas que nous gagnons de l’argent en dormant", assure-t-il (voir notre vidéo ci-contre). "Je ne crois pas non plus que nos élus aient envie d’un pays où la plus-value sur la vente d’une œuvre n’est taxée qu’à 5%, alors que la plus-value sur la cession d’une entreprise que l’on a créée est taxée à 64%".

Pour le créateur et dirigeant de cette agence de communication digitale, la taxation légère de l’art, qui ne crée ni valeur ni emploi, contre celle accrue des entreprises, est contre-productive. "Notre pays n’a pas vocation à devenir un musée et un parc d’attraction pour les Chinois!", s’indigne-t-il.

Au-delà de 30% de taxe, l'investissement en danger

A partir de maintenant, un homme d’affaires qui vendrait sa société dix ans après l’avoir fondé serait désormais taxé à 45%, la plus haute tranche de l’impôt sur le revenu, taux auquel il faut ajouter 15,5% de prélèvements sociaux, et 3% de surtaxe Sarkozy. Jusqu’à présent, il bénéficiait dans ce cas là d’un taux forfaitaire à 19%, plus la CSG/CRDS.

Aujourd’hui, le gouvernement répond que des abattements sont prévus, en fonction de la durée de détention des titres de valeurs mobilières cédés. Et que pour 2012, 2013 et 2014, un système de quotient sera applicable sans plafond et évitera à beaucoup d’être taxé à 45%. Par ailleurs, rappelle la majorité, les entrepreneurs qui vendent pour partir en retraite ou qui réinvestissent 80% de leur plus-value dans les trois ans qui suivent la vente ne sont pas concernés par la réforme.

Ce n'est pas suffisant pour Patrick Robin, qui pour autant, ne perd pas espoir. En attendant le vote du projet de loi de budget au Parlement, il se dit convaincu que "tout un tas de députés PS sont pragmatiques, comprennent que la croissance viendra de l’innovation, et que l’innovation vient des entrepreneurs". Aujourd’hui, prévient l’entrepreneur de gauche, si ce budget est voté, "on va casser cette dynamique".

Car ce que les patrons craignent par-dessus tout, c’est que ce nouveau taux de taxe ne dissuade les investisseurs d’apporter des fonds aux entreprises françaises. Patrick Sayer, président du directoire d'Eurazeo, également invité de BFM Business ce matin, rappelle que la taxation des revenus du capital ne dépasse pas les 28% chez nos voisins européens. Il affirme qu’au-delà de "30% de taxe, on décourage l’investissement, l’entreprenariat, l’envie de créer des emplois" (voir vidéo).

Nina Godart et BFM Business