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Emploi

Valls hausse le ton face aux entreprises

Le Premier ministre va réunir les partenaires sociaux pour créer un comité de suivi des aides publiques aux entreprises.

Le Premier ministre va réunir les partenaires sociaux pour créer un comité de suivi des aides publiques aux entreprises. - Bertrand Guay - AFP

Le Premier ministre doit installer, mardi 4 novembre, un comité de suivi des aides publiques. Il  veut ainsi mobiliser les entreprises pour créer de l'emploi, en échange du pacte de responsabilité qui octroie environ 40 milliards d'aides aux sociétés.

Manuel Valls va demander des comptes au patronat. Mardi 4 novembre, le Premier ministre va ainsi réunir les partenaires sociaux pour faire le point sur les aides aux entreprises, qui représentent un peu plus de 40 milliards d'euros.

L'objectif est de rappeler que ce geste n'est pas à sens unique. "Quand la nation toute entière consent un effort aussi important, il faut que les entreprises assument leurs responsabilités", déclarait ainsi Manuel Valls dans un entretien à L'Obs, le 22 octobre dernier.

Le message est donc clair: le patronat doit désormais passer des paroles à l'acte. Dans cette optique, un nouvel outil va être mis en place pour suivre de près les efforts du patronat.

Le pin's du Medef en question

Ainsi le comité du suivi du CICE (Crédit d'impôt compétitivité pour l'emploi) va être élargi pour être transformé en un comité de suivi et d'évaluation des aides publiques aux entreprises, animé par Jean Pisani-Ferry, commissaire général à la stratégie et à la prospective. Il s'agira ainsi de veiller de près à ce que le patronat tienne ses engagements sur l'emploi et l'investissement.

L'exécutif a toujours en tête le fameux pin's de Pierre Gattaz, qui promettait la création d'un million d'emplois. Une communication qui a passablement agacé le gouvernement.

"Monsieur Gattaz avait un pin's à un million: qu'il tienne sa promesse", a ainsi rappelé Michel Sapin dimanche dans l'émission Tous Politiques. "Ce que je souhaite aujourd'hui, c'est que le patronat français cesse d'être dans une revendication qui se nourrit d'elle-même, pour être dans la mobilisation : c'est dans l'intérêt des entreprises", a-t-il poursuivi.

Les réticences du patronat

Evidemment le discours est sensiblement différent du côté du patronat. "On nous dit qu'on fait des cadeaux aux entreprises. Mais ce discours est insupportable. Car on a alourdi de 30 milliards d'euros ces dernières années les charges sur les sociétés", déclarait Pierre Gattaz à l'Opinion vendredi dernier.

Dans cette interview, le patron du Medef soulignait aussi que les décrets d'application du pacte tardaient à paraître. "Les fédérations veulent jouer le jeu (du pacte de responsabilité, ndlr) mais sont très énervées par tous les messages" du gouvernement, poursuivait-il.

Les négociations sur les contreparties du pacte de responsabilité se font actuellement au niveau des branches. Pour le moment, seuls deux secteurs ont signé des accords sur l'investissement et l'emploi, à savoir la chimie et la métallurgie.

Les banques via l'Association française des banques (AFB), ont elles proposé entre 40.000 et 42.000 recrutements entre 2015 et 2017. Un objectif jugé insuffisant par la CFDT qui estime que le pacte de responsabilité doit rapporter au secteur "1,3 milliard d'euros". Pierre Gattaz veut aboutir "à une dizaine d'accord d'ici à la fin de l'année".

Julien Marion