BFM Business
Energie

Le FMI vote pour la taxe carbone

La patronne du FMI, Christine Lagarde. (image d'illustration)

La patronne du FMI, Christine Lagarde. (image d'illustration) - Saul Loeb - AFP

Christine Lagarde défend « l'instrument le plus efficace » contre le réchauffement

La taxe carbone, fixée autour de 70 dollars la tonne de CO2, est l'instrument le plus efficace pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, estime le Fonds monétaire international (FMI) dans un rapport publié en fin de semaine

Pour l'heure, la taxe carbone est très impopulaire notamment en France, où la perspective de son augmentation (de 44,6 à 55 euros la tonne, soit 61,6 dollars) avait embrasé le mouvement des gilets jaunes. Le gouvernement français a été contraint de suspendre la hausse de cette taxe sous la pression de la rue. La durée de cette suspension n’a d’ailleurs pas été précisée, et le manque à gagner pour les finances publiques se chiffre à plusieurs milliards d’Euros.

« L'objectif de limiter le réchauffement climatique à 2°, comme le stipule l’accord de Paris, exigerait de réduire les émissions carbone d'un tiers environ d'ici 2030 et une taxe carbone mondiale fixée à environ 70 dollars la tonne », souligne dans un post de blog commun Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, et Vitor Gaspar, responsable des affaires budgétaires du Fonds. Selon eux, il y a un « consensus de plus en plus large » sur le fait que la taxe carbone, destinée à contenir les énergies fossiles et leurs émissions carbones, soit « l'instrument d'atténuation le plus efficace ».

Mode d'emploi pour les gouvernements

Cette taxe permet de réduire la consommation d'énergie, de mobiliser le financement privé et favorise l'utilisation d'énergies plus propres. « Elle fournit aussi davantage de revenus nécessaires », explique le FMI, soulignant que cet argent pourrait être utilisé pour réorienter les finances publiques afin de soutenir une croissance durable et partagée par le plus grand nombre.

Toutefois, il peut exister « des tensions entre l'efficacité et l'acceptabilité » de la taxe carbone. D'où la nécessité de recourir à d'autres instruments pour réduire les rejets de gaz à effet de serre (développement des énergies renouvelables, aides à l'isolation thermique, etc.), indique le FMI.

Pour aider les gouvernements, le Fonds a rédigé des recommandations il y a six ans déjà. La mesure fiscale doit s'inscrire dans une stratégie globale, préciser l'usage des recettes de la taxe carbone et s'accompagner de mesures de soutien aux ménages et entreprises fragilisées par cet impôt. L'emploi des recettes de la taxe pour des mesures de soutien ou des investissements écologiques la rend plus acceptable par la population, comme l'atteste l'exemple souvent cité de la Colombie-Britannique au Canada. Sur les 16 pays ayant mis en place la taxe carbone (jusqu'à 139 dollars la tonne en Suède), le FMI estime que 44 % des recettes ont été employées pour baisser d'autres impôts, 28 % pour abonder les caisses de l'État sans affectation précise, et 15 % seulement pour des dépenses environnementales.

Effet limité en France

Dans son rapport, le FMI indique qu'en Chine, premier pollueur de la planète, en Inde ou en Afrique du Sud, une taxe carbone de seulement 35 dollars, réduirait de 30% les émissions polluantes, ces pays utilisant de manière intensive le charbon, ressource extrêmement polluante. En revanche dans neuf pays qui utilisent peu le charbon tel que la Côte d'Ivoire, le Costa Rica ou la France, l'effet serait de moins de 10%.