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2030 devrait voir la fin du diesel et de l’essence en Allemagne

En 2030, voir une voiture électrique en Allemagne ne sera plus exceptionnel.  Le Bundesrat a décidé qu'elles seraient les seules à pouvoir circuler.

En 2030, voir une voiture électrique en Allemagne ne sera plus exceptionnel. Le Bundesrat a décidé qu'elles seraient les seules à pouvoir circuler. - John McDougall - AFP

Le conseil fédéral allemand a voté pour la fin des véhicules thermiques dès 2030. Les constructeurs ont 14 ans pour éliminer le thermique de leurs lignes de production, une révolution dans ce pays où l’industrie automobile thermique pèse lourd.

En juin, c’était une possibilité, désormais, c’est un objectif. Le Conseil fédéral vient de voter son soutien total à la fin, non seulement de la vente, mais aussi de la circulation de véhicules thermiques, diesel et essence, sur son territoire dès 2030. Il ne s’agit pas encore d’une interdiction de circulation aux véhicules à combustion, mais d’une deadline adressée aux constructeurs pour qu’ils engagent leur transformation électrique au plus vite.

Ce projet est révolutionnaire pour ce pays dans lequel l’industrie automobile pèse beaucoup sur l’économie, mais il a fait consensus dans toute la classe politique. Comme l’indique Der Spiegel, le projet a été soutenu par le Parti social-démocrate d'Allemagne, l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU), l'Union chrétienne-sociale en Bavière (CSU) ainsi que les Verts. Selon ces derniers, cette décision est directement liée à l’Accord de Paris sur le climat qui vise à éliminer la circulation des véhicules thermiques en 2030 pour que les émissions soient réduites de 95% en 2050.

De l'efficacité des subventions et des mesures fiscales

Reste encore à ratifier cette décision et, si elle l’est, ce sera à la Commission européenne de porter un regard sur les aides fiscales et les subventions des pays des états membres pour évaluer leur efficacité sur le basculement vers le tout électrique dans l’Union européenne.

Comme l’indiquait Der Spiegel l’été dernier, les incitations fiscales du gouvernement fédéral, qui s’élèvent à 1,2 milliard d’euros, n’ont pas vraiment porté leurs fruits. Berlin s’était donné l’objectif pour 2019 de mettre en circulation 300.000 véhicules électriques, mais selon le quotidien, l’objectif est loin d’être atteint.

Si cette décision est une sévère contrainte pour l’industrie, elle pourrait devenir une planche de salut pour Volkswagen qui, depuis le "dieselgate", a vu ses ventes de diesel baisser à nouveau de 5% en août dernier. L'électrique sera-t-il le pilier capable d'amortir les pertes sur le diesel? Le pari n’est pas vraiment gagné.

Le coup de poignard de Deutsche Post à Volkswagen

Car si l’électrique est l’avenir de l’industrie automobile, il est aussi une menace pour les acteurs historiques comme le révèle l’initiative de la Deutsch Post qui a décidé de construire elle-même sa flotte "zéro émission".

Le projet qui a été mené discrètement par la division Streetscooter, vise entre autres à ne plus passer commande à Volkswagen pour l’achat de ses utilitaires. Selon Reuters, Deutsch Post évalue même l’opportunité de vendre ses véhicules et de devenir officiellement un constructeur auto. La décision sera prise en fin d’année.

Cette voiture des postes allemandes arbore fièrement le logo de Deutsch Post sur son capot. Volkswagen ne décolère pas de de qu'il considère être une traitrise.
Cette voiture des postes allemandes arbore fièrement le logo de Deutsch Post sur son capot. Volkswagen ne décolère pas de de qu'il considère être une traitrise. © Deutsh Post - Streetscooter

Cette initiative est perçue comme un coup de poignard par Volkswagen. "Je ne décolère pas et bien sûr je me demande bien pourquoi [Deutsch Post] n'a pas contacté notre division utilitaire", a réagi Matthias Müller, président du directoire du groupe. Il ne perd pas espoir pour autant: "Voyons si on peut encore ramasser la balle au bond". Il faudra être agile et surtout faire preuve d'imagination pour rivaliser.

Un responsable de Streetscooter affirme que le développement de l'utilitaire de 8 mètres cubes n’a pas coûté très cher à concevoir et à produire. "Si vous saviez à quel point c'est bon marché, vous ne le croiriez pas!" Quant au prix, il serait inférieur à 10.000 euros (hors coût de location des batteries) comme BFM Business l'indiquait en avril, mais ce tarif n'a pas encore été officiellement confirmé.

En France, nous n’en sommes pas là. Pour affronter la mutation technologique vers le numérique, La Poste française n’envisage pas encore de devenir concurrent de Renault ou PSA. Elle a proposé à ses agents de devenir inspecteur du permis de conduire.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco