BFM Business
Energie

20% des stations-service françaises sont encore en pénurie

-

- - Pascal Pavani - AFP

"L'Ufip estime que la situation est en nette amélioration dans les stations tricolores par rapport à la semaine dernière. Néanmoins 20% d'entre elles connaissent encore des difficultés d'approvisionnement partielles ou totales."

"Ça va mieux" serait-on tenté de dire. L'Union française des industries pétrolières (Ufip) a fait état mardi d'une "très nette amélioration" dans les réseaux de distribution de carburants en France, même si 20% des stations-service connaissaient encore une rupture d'approvisionnement partielle ou totale.

"Après une semaine difficile, la mobilisation de tous les acteurs et la coordination avec les pouvoirs publics ont permis une très nette amélioration", a indiqué le président de l'Ufip, Francis Duseux, dans un communiqué.

"Il n'y a pas de pénurie au niveau national, même si des situations tendues peuvent encore exister par endroits. On estime qu'environ 20% des stations-service connaissent une rupture d'approvisionnement partielle ou totale", a-t-il ajouté.

"Amélioration significative" chez Total

Interrogé par l'AFP, Francis Duseux a précisé que le nombre de stations en rupture totale avait diminué, sans le détailler. Le géant pétrolier Total a également parlé d'une "amélioration significative", avec 415 stations encore en rupture totale (127) ou partielle (288) mardi matin dans un réseau qui en compte 2.200, contre 653 la veille et 815 au plus fort de la crise jeudi dernier, selon un point de la situation à 14H30.

Cette amélioration peut s'expliquer, selon l'Ufip, par une baisse de la consommation aux pompes et par le déblocage des dépôts pétroliers par les autorités, à l'exception de celui de Gargenville, en grève.

Mais pour Emmanuel Lepine, responsable de la branche pétrole de la CGT, "le discours gouvernemental, qui se veut rassurant, cache en réalité le fait que l'essentiel des stocks qui alimentent les stations-service se trouvent dans les dépôts des raffineries, soit 25 millions de tonnes (sur 35 millions de tonnes de capacité de stockage totale, dont 10 dans les dépôts hors des raffineries), (...) et qu'ils sont actuellement fermés, en grève ou vides".

Quatre raffineries en grève

Sur les huit raffineries que compte la France, quatre étaient toujours totalement arrêtées mardi, deux fonctionnaient à débit réduit et deux autres, celles du groupe américain ExxonMobil, fonctionnaient normalement.

Pour Emmanuel Lepine, "on est dans l'incapacité avec seulement deux raffineries en marche et des camions venus d'Allemagne (30 m3 par camion) de pouvoir rétablir un approvisionnement normal. Contrairement au discours, c'est le calme avant la tempête".

Selon Total, qui opère cinq raffineries dans le pays, le site de La Mède (Bouches-du-Rhône) tourne à 80% de ses capacités, et non 75% comme indiqué précédemment, et a repris lundi soir ses expéditions de carburants par pipeline, tandis que les unités des quatre autres raffineries (Grandpuits, Feyzin, Donges et Normandie) étaient complètement arrêtées.

Rétablir la normalité au plus vite

En Loire-Atlantique, les deux barrages filtrants mis en place aux abords de la raffinerie de Donges, à l'arrêt complet depuis jeudi matin, et du dépôt pétrolier SFDM appartenant au groupe Bolloré, ont été levés en milieu de matinée, selon une correspondante de l'AFP. Les militants CGT ont ensuite rejoint le piquet de grève devant la raffinerie.

La grève, prévue au moins jusqu'à jeudi, se poursuivait également au terminal pétrolier du Grand port maritime de Marseille, selon Maxime Picard, l'un des responsables de l'union départementale de la CGT 13. Une trentaine de navires pétroliers étaient bloqués au large du terminal dans la journée de lundi à cause de ce mouvement, a précisé une porte-parole du port, soulignant que les activités non-pétrolières n'étaient pas touchées.

"La vigilance reste nécessaire et l'activité normale des raffineries et des terminaux maritimes pétroliers doit être rétablie le plus vite possible", a indiqué l'Ufip. "Les mouvements actuels ne peuvent que handicaper encore plus la France par rapport à ses concurrents internationaux", a-t-elle déploré, alors que le raffinage européen est confronté à une surcapacité chronique et à la concurrence accrue des États-Unis, de l'Asie et du Moyen-Orient.

J.M. avec AFP