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5G : Huawei contre-attaque et trouve un soutien en Grande-Bretagne

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- - AFP

Face aux accusations d’espionnage, l’équipementier chinois lance une massive campagne de communication et pourra s’appuyer sur le quasi-adoubement des autorités britanniques.

Huawei repart au front afin de convaincre les Etats face aux suspicions d’espionnage auxquels il fait face. Rappelons que l’équipementier chinois, leader dans les déploiements 5G sur la planète, est confronté à une vague de méfiance voire de défiance aux quatre coins du monde, initiée par les Etats-Unis.

Ces derniers accusent l’équipementier de faire office d’espion pour l’Etat chinois à travers des « portes dérobées » dans ses équipements. Les USA sont ainsi les premiers à boycotter Huawei. Un boycott qui a fait tâche d’huile.

Il y a quelques semaines, le géant avait organisé une grande conférence de presse afin de démontrer une nouvelle fois son innocence. « Il n'y a aucune preuve que Huawei menace la sécurité nationale de quelque pays que ce soit », avait martelé Ken Hu, le président du numéro un mondial des équipements télécoms qui prend très rarement la parole en public. Selon lui, Pékin n'a jamais demandé au groupe d'accéder à certaines données.

Huawei a même décidé d'ouvrir ses labos de recherche aux journalistes. « Interdire une entreprise en particulier ne peut résoudre les problèmes de cybersécurité », a jugé Ken Hu.

Changement de ton

Aujourd’hui, Huawei repart à l’offensive à travers une massive campagne de communication adaptée à plusieurs pays. Exemple en Nouvelle –Zélande, qui a décidé de le boycotter : « La 5G sans Huawei, c'est comme le rugby sans la Nouvelle Zélande ». Et lors d’un événement à Bruxelles la semaine dernière, Abraham Liu, le représentant du groupe chinois auprès des 28, a répété :

 « Hier, l'ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'Union européenne, M. Sondland, a dit que quelqu'un a Pékin pouvait faire sortir de la route une certaine voiture qui était sur le réseau 5G et tuer la personne à l'intérieur. C'est une insulte à l'intelligence des gens, sans même parler des experts de la technologie en Europe. Notre succès est le succès de l'Europe, et notre perte sera aussi une perte pour l'Europe. »

Le ton a donc changé. Huawei adopte une posture bien plus offensive afin de répondre aux accusations qui a terme peuvent menacer son modèle économique.

Dans le même temps, Huawei vient de se trouver un allié de poids : la Grande-Bretagne. Le National Cyber Security Center (NCSC) aurait conclu, selon le Financial Times, que tout risque lié à l'utilisation d'équipements Huawei dans ses réseaux 5G peut être atténué.

Selon le quotidien britannique, qui cite deux personnes proches du dossier, le NCSC pense qu'il y a plusieurs manières de gérer les risques posés par Huawei dans le déploiement de la technologie 5G au Royaume-Uni.

Dans le pays, le premier opérateur mobile, BT, a annoncé qu'il retirerait l'équipement Huawei des réseaux 3G et 4G, déjà en service. Son concurrent Vodafone a, lui, suspendu ses achats d'équipements Huawei pour ses infrastructures en Europe.

Rappelons que l’office fédéral de la sécurité des technologies de l’information allemand (le BSI) a même récemment indiqué dans le Spiegel que faute de preuves, il n’y avait pas de raison d’écarter Huawei. Car en effet, jamais aucune preuve d’espionnage d’Etat n’a été produite par qui que ce soit.

Enfin, il faut rappeler que la plupart des opérateurs sont plutôt gênés aux entournures par ce dossier. Outre son expertise technologique, ses équipements sont moins chers que la concurrence. Et se priver de l’équipementier, c’est risquer de prendre beaucoup de retard dans les déploiements 5G hautement stratégiques.

Olivier CHICHEPORTICHE