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5G : les règles du jeu sont connues

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- - AFP

Le régulateur des télécoms a publié les conditions d’attribution des fréquences pour un lancement en 2020. Les objectifs de couverture sont ambitieux.

5G, acte I. Comme prévu, l’Arcep, le régulateur des télécoms, vient de dévoiler le cahier des charges pour l’attribution des fréquences 5G dans la bande des 3,4/3,8 Ghz aux opérateurs, via un original double dispositif censé éviter une flambée des enchères comme en Allemagne. Le document est placé en consultation publique jusqu’en septembre, puis viendra l’attribution en tant que telle pour un objectif de lancement commercial en 2020.

Ces modalités étaient évidemment très attendues par les opérateurs. La procédure se fera en deux parties.

La nouveauté : quatre blocs identiques de 40, 50 ou 60 mégahertz seront proposés à un prix fixe, encore inconnu mais censé être abordable, afin de permettre à tous les acteurs de repartir avec un peu de spectre. Ces blocs seront associés à des « engagements optionnels ».

Les détenteurs des précieux sésames devront ainsi par exemple faire en sorte que les « verticales » puissent accéder simplement et rapidement à la 5G en répondant à des « demandes raisonnables ».

Les « verticales », c’est en fait le monde professionnel et l’industrie, la 5G ayant un fort tropisme B2B puisqu’elle doit permettre l’essor, grâce à sa très faible latence et ses très hauts débits, de la voiture autonome, de la ville connectée, de la médecine ou de la logistique à distance…

Il s’agira également d’améliorer la couverture à l’intérieur des bâtiments ou encore de proposer des box fixes sur le réseau mobile 5G.

Les verticales ne sont pas oubliées

Ensuite, on retrouvera le dispositif classique des enchères sur des blocs de 10 Mhz avec un prix de réserve qui n’a pas encore été fixé. Mais afin d’éviter des déséquilibres entre les acteurs, un opérateur ne pourra pas s’offrir plus de 100 Mhz sur un total de 310 Mhz mis en jeu. Les fréquences seront attribuées pour 15 ans.

Au total, Bercy a assuré que le montant demandé par l'Etat « devrait être plus proche de 1,5 milliard d'euros que de 3 milliards d'euros ». L'idée est de laisser de la marge pour assurer une couverture rapide.

Les heureux gagnants devront en effet s’engager sur des objectifs clairs et ambitieux, notamment de couverture. « Le développement des services 5G devra bénéficier à tous les territoires », peut-on lire.

Concrètement, « l’Arcep propose d’imposer l’ouverture de la « 5G » dans au moins deux villes par opérateur (soit probablement une petite dizaine en tout) avant la fin 2020, et d’imposer ensuite une trajectoire exigeante pour soutenir les déploiements au cours des années suivantes : 3000 sites en 2022, 8000 sites en 2024, 12000 sites en 2025 » ce qui correspond à une couverture des deux tiers de la population.

Surtout, le régulateur n’entend pas que les campagnes soient distancées par les villes, plus rémunératrices pour les opérateurs à travers « un mécanisme de concomitance pour s’assurer que les zones non urbaines bénéficieront aussi de ces déploiements. Ainsi, une partie significative (de l’ordre de 20 à 25%) des sites en bande 3,4-3,8 GHz devra se situer en zones peu denses, en ciblant prioritairement l’activité économique, notamment l’industrie ».

3000 sites à déployer en 2022

Les axes autoroutiers devront être couverts d’ici 2025, puis les routes en 2027, Les opérateurs devront par ailleurs fournir un débit minimum de 240 Mb/s par site et la mutualisation des fréquences sera autorisée.

Avec un lancement en 2020, la France se situera dans le peloton européen de la 5G. « Parmi les pays européens, le plus avancé est le Royaume-Uni. Il développe la 5G depuis mai 2019 à destination de nombreux marchés tels que l’automobile et l’industrie, les médias et loisirs et l’e-santé, la sécurité publique et le tourisme » indique l’Idate. Et pour le grand public, l’opérateur EE a allumé son réseau il y a quelques semaines dans six villes. Ses concurrents (Vodafone, O2 et Three) se lanceront au mois d’août.

« L’Espagne prend la deuxième place du classement et déploie la technologie 5G vers les marchés de l’agriculture ou de la logistique. En Allemagne, si la date officielle de lancement de la 5G n’est pas encore définie, le pays choisit de concentrer ses innovations sur les secteurs de l’e-santé et des médias », peut-on lire, et se classe troisième sur le Vieux continent.

« La France et l’Italie se suivent de près et devraient rattraper leur retard rapidement après avoir attribué des licences 5G, comme cela est déjà le cas en Allemagne ou au Royaume-Uni », conclut le think-thank français.

12,3 trillions de dollars (soit 12 300 milliards) et 22 millions de nouveaux emplois créés, tel serait l’apport de la 5G à l'économie mondiale en 2035 selon une étude d’IHS Markit. La France devrait accaparer 85 milliards de revenus et près de 400.000 emplois de cette manne même si ces prévisions sont à prendre avec des pincettes.

Olivier CHICHEPORTICHE