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5G : quel impact sur mon business ?

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- - Gérard Julien - AFP

La 5G, ce n’est pas seulement plus de débits pour surfer sur son smartphone. Sa vocation B2B est primordiale et de nombreux secteurs pourront en profiter. Explications.

Le chantier de la 5G est officiellement lancé (voir vidéo en bas d'article). Ce lundi, l’Arcep, le régulateur des télécoms a dévoilé le cahier des charges pour l’attribution des précieuses fréquences. Une procédure en deux temps est prévue, c’est une première.

Quatre blocs identiques de 40, 50 ou 60 mégahertz seront proposés à un prix fixe, encore inconnu mais censé être abordable, afin de permettre à tous les acteurs de repartir avec un peu de spectre. Ces blocs seront associés à des « engagements optionnels ».

Les détenteurs devront ainsi par exemple faire en sorte que les « verticales » puissent accéder simplement et rapidement à la 5G en répondant à des « demandes raisonnables ». Par verticales, il faut comprendre industries et entreprises.

Concrètement, cela signifie que telle entreprise pourra faire déployer par un opérateur une infrastructure 5G pour son activité sans attendre qu’un opérateur installe une antenne. Les modalités ne sont pas encore connues, ni le périmètre d’une « demande raisonnable » mais c’est un moyen d’impliquer directement le monde professionnel (même si’il fut un temps question de permettre aux entreprises de concourir elles-mêmes aux enchères).

Car une chose est sûre, à l’image du cloud ou de la fibre optique, la 5G sera bel et bien un levier important pour la transformation numérique des entreprises. Tout comme un élément de différenciation concurrentielle. 

Les entreprises pourront solliciter les opérateurs

Mais pour quoi faire ? La 5G ce n'est que de la 4G plus rapide. La 5G offre des débits montants et descendants supérieurs à 10 gigabit par seconde théoriques mais surtout par plus de capacités et une latence très basse en deçà de la milliseconde contre 25 à 40 ms en 4G. Soit un atout majeur pour faire communiquer les millions d'objets connectés actuellement déployés. Mais pas seulement.

« On mise en effet sur les applications industrielles B2B, c’est une optique délibérément prise par la Commission européenne, on vise les verticaux contrairement à l’Asie et aux Etats-Unis qui sont dans un logique d’amélioration de la couverture ou de soutien au fixe », nous expliquait il y a quelques mois Carole Manero, directrice d'études pour l’Idate, think thank français.

« La 5G est une question d'intelligence, d'informations, d'efficacité et d'innovation. Elle a le potentiel de réorganiser et de faire avancer des secteurs d'activité entiers. De l'infrastructure des villes à l'automation industrielle en passant par les transports et les loisirs, la 5G représentera une force disruptive apportant de nouvelles inventions et innovations », commente Sandra Rivera, vice-présidente senior et directrice générale du groupe Network Platforms chez Intel.

« Les espoirs sont très importants pour le B2B et l'industrie 4.0, beaucoup d’innovations seront impossibles sans la 5G, beaucoup de métiers seront concernés », abonde Bertrand Guilbaud, directeur général de bcom.

La logistique, la gestion de flottes, la sécurité...

La première industrie concernée par la 5G est l’automobile avec l’essor de la voiture autonome qui a besoin de la 5G pour fonctionner correctement. Dans ce domaine, les constructeurs classiques nouent des alliances tandis que les nouveaux acteurs issus de l’IT (Apple, Google…) avancent à grands pas. Tous devront passer par la case 5G afin de passer à un cap industriel dans les années 2030.

Mais c’est surtout l’industrie qui devrait profiter de la 5G, dans les domaines de la logistique, de la supply-chain, de la gestion de flottes, de la vidéo-surveillance, des relevés en temps réel. Autant d’activités qui prendront une nouvelle dimension avec la 5G. On ainsi déjà vu des expérimentations de gestion à distance de transpalettes autonomes ou de flottes automobiles.

« Il y a déjà pas mal de projets présentés, les acteurs de l’industrie se mobilisent mais c’est vrai que le secteur automobile est à la pointe, à travers des projets cofinancés par l’Union européenne. D’autres secteurs sont moins avancés mais regardent la 5G de près : le bâtiment par exemple où il y a énormément de choses inventer comme le pilotage à distance d’engins. De quoi doper l’avantage concurrentiel d’acteurs du secteur », poursuit la spécialiste.

Néanmoins, si des expérimentations sont actuellement menées, dans de grands groupes comme la SNCF, de nombreux chefs d’entreprises restent encore circonspects. Peu d’entreprises ont d’ailleurs répondu à l’appel à projets de l’Arcep, le régulateur des télécoms, ce qui a constitué une grande déception.

Les patrons encore dubitatifs

Plus de la moitié des 1800 dirigeants interrogés en mars dernier par Accenture (53%) affirme que la 5G ne leur permettra pas de réaliser beaucoup de tâches dont ils ne peuvent déjà s'acquitter avec la 4G, 36% pensent que le coût de l’investissement est une barrière à l’entrée tandis que 72% des sondés concèdent avoir besoin d’aide pour imaginer des cas d’usage liées à cette technologie.

D’où l’importance d’un travail d’évangélisation à mener auprès des entreprises, des industries, des verticaux.

Mais il faudra être patient. « Alors que 2020 est annoncée comme l'année lançant la course à l'implémentation, au perfectionnement et à l'optimisation de la 5G, l'impact financier sera évident d'ici 2035 », estime le géant Intel.

Olivier CHICHEPORTICHE