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À Paris, le crowdfunding pour aider à financer les obsèques

Ce mode de financement devenu classique dans les nouvelles technologies s'adapte aux évènements tristes, mais incontournables.

Ce mode de financement devenu classique dans les nouvelles technologies s'adapte aux évènements tristes, mais incontournables. - Stéphane de Sakutin - AFP

Les services funéraires de la ville de Paris lancent un service de paiement participatif pour aider les familles à financer les obsèques.

La mort à crédit, non, mais les obsèques en crowdfunding à Paris, c’est oui ! Les services funéraires de la Ville de Paris (SFVP) lancent ce 1er novembre une initiative inattendue qui devrait néanmoins être bien accueillie par un grand nombre de Parisiens touchés par le décès d’un proche. Il s’agit de la "Tontine 2.0", un service de paiement participatif et solidaire afin d’aider les familles à financer les obsèques. Ce projet a été initié par Sandrine Chapel et Pascal Perri, économiste et fondateur du cabinet PNC Economic.

"Nous nous sommes inspirés de deux choses", a expliqué Sandrine Chapel, directrice générale adjointe des SFVP. "Ce mode de financement est devenu classique dans les nouvelles technologies où le public participe au financement d'un projet. Mais aussi, nous nous sommes inspirés des pratiques traditionnelles d'autres pays, comme les collectes des familles africaines et en considérant les difficultés des familles à faire face au financement des obsèques". Cette initiative est le pont entre ces deux pratiques l'une moderne, l'autre traditionnelle.

Des factures lourdes à régler rapidement

Ces frais, auxquels tout le monde -ou presque- devra faire face un jour, ne sont pas à la portée de tous. Ils sont même en 4e position dans les postes de coût des ménages après le logement, l’automobile et la cuisine équipée, selon une enquête d’UFC de 2014. Il faut compter entre 1.347 et 6.449 euros, soit une moyenne de 4.500 euros. Mais surtout, il faut sortir la somme en six jours ce qui pour certaines familles est tout simplement impossible. Et pourtant, elles n’ont pas le choix d’ailleurs, les impayés sont plutôt rares dans ce domaine. Ils représentent moins de 3% des factures.

Pour faire face à ce défi financier, elles pourront désormais s’adresser à leurs proches de manière numérique et discrète. Sur le site des services funéraires, elles trouveront un accès à la "Tontine". Après y avoir rempli les informations administratives indispensables, les familles auront un accès à ce service de financement. Elles déterminent le montant à collecter puis diffusent l'annonce par mail ou sur les réseaux sociaux. Ainsi alertés, les proches peuvent participer de manière anonyme s’ils le désirent. Exactement comme cela se fait sur Leetchi pour financer un cadeau à un collègue de travail.

Cette cagnotte sera active pendant deux mois et, à ce terme, les dons seront reversés aux Services funéraires qui les déduiront de la facture. En cas d’excédents, la famille ne pourra toucher les sommes versées en trop. Elles les verseront à une association de leur choix.

Sandrine Chapel et Pascal Perri ont bien conscience de toucher à un sujet tabou. "La famille ne va pas solliciter ses proches ou ses amis pour cofinancer les obsèques, et les proches et les amis auront tendance à ne pas solliciter la famille. On est dans une situation d'embarras. Là, on a un outil neutre qui va permettre aux uns et aux autres de se parler", indique Pascal Perri.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco