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AB InBev-SABMiller: les actionnaires bénissent l'union des rois de la bière

Les deux leaders de la bière font officiellement fusionner le 10 octobre.

Les deux leaders de la bière font officiellement fusionner le 10 octobre. - Scott OIson - AFP

Les actionnaires de deux brasseurs ont donné leur accord. Le mariage, qui sera officialisé le 10 octobre, va rentrer dans le top 5 des plus grosses fusions.

Les actionnaires des deux leaders de l'industrie de la bière ont donné leur feu vert à l'acquisition du britannique SABMiller par le belgo-brésilien AB InBev. Ces votes favorables lèvent la dernière incertitude sur ce mariage monumental annoncé il y a près d'un an mais dont les détails financiers ont dû être revus à la hausse ces dernières semaines pour tenir compte de la chute de la livre sterling consécutive à la décision des Britanniques de quitter l'Union européenne.

Valorisé désormais autour de 79 milliards de livres (103 milliards de dollars), SABMiller et ses marques Foster's et Coors seront bien avalées par AB InBev, propriétaire entre autres de Corona, Stella Artois, Leffe et Budweiser.

"Nous sommes heureux que le vote de nos actionnaires nous permette de franchir une étape supplémentaire vers le regroupement de nos sociétés", a affirmé le PDG d'AB InBev, Carlos Brito, cité dans un communiqué publié mercredi matin. Une heure plus tard, SABMiller annonçait à son tour que ses propriétaires avaient donné leur accord à une large majorité pour un prix d'achat de 45 livres par action - bien que certains de ses investisseurs, comme le groupe financier Aberdeen Asset Management, aient jugé que l'accord sous-valorisait l'actuel numéro deux du secteur.

Coté principalement à Bruxelles

À moins d'une surprise de taille, la fusion -- qui s'inscrit dans le "top 5" des plus grosses fusions -- doit être officialisée le 10 octobre. Dès le lendemain, le titre du nouveau groupe, qui gardera le nom d'AB InBev, sera coté principalement à Bruxelles, avec des cotations secondaires à Johannesburg -d'où SABMiller est originaire- et à Mexico. L'action ne sera pas cotée à Londres.

Le siège administratif du futur géant mondial sera installé à Louvain et le "bureau de management fonctionnel mondial" à New York, une structure qui était déjà celle d'AB Inbev avant l'opération. Parmi ses sièges régionaux figureront Saint-Louis pour l'Amérique du Nord, Mexico pour l'Amérique centrale ou encore Johannesbourg pour l'Afrique, le nouveau géant ayant dans le viseur notamment les marchés chinois mais aussi africains. Le QG administratif de Louvain servira également de siège régional pour l'Europe. Située à 30 km de Bruxelles, en Flandre, cette ville touristique et universitaire est le berceau historique du groupe brassicole belge.

Le plan d'AB Inbev prévoit par ailleurs la suppression d'au moins 5.500 emplois en trois ans. Des suppressions qui pourraient être encore plus importantes car les prévisions n'ont "pas été possibles" partout, indique le brasseur dans différents rapports.

Le nouveau géant devra en effet faire face au défi du ralentissement de la croissance des marchés dits "matures", comme l'Europe et les États-Unis. Il devra aussi tenir compte de la montée des brasseurs artisanaux, qui représentent entre 5 et 9% de la consommation et voient leurs ventes bondir de plus de 10% par an sur les marchés les plus avancés. "Avec une part de 27% du marché de la bière et une présence importante dans toutes les régions, l'entreprise combinée sera vraiment mondiale. La puissance de SABMiller dans les marchés émergents d'Afrique va résoudre une faiblesse d'AB InBev", a-t-elle ajouté.

Céder de nombreuses activités

AB InBev emploie "150.000 collaborateurs basés dans 26 pays" selon son dernier rapport financier. SABMiller compte quant à lui environ "70.000 employés dans plus de 80 pays" d'après son site internet.

Afin d'obtenir les accords des diverses autorités de régulation, AB InBev a dû toutefois céder ou s'engager à céder de nombreuses activités de la future entité fusionnée, comme les marques Peroni et Grolsch de SABMiller au brasseur japonais Asahi. Il a aussi dit vouloir se défaire d'actifs en Europe centrale et orientale, où SABMiller est propriétaire entre autres de la tchèque Pilsner Urquell.

AB InBev a accepté en outre de vendre la participation de 49% de SABMiller dans Snow Breweries - le plus important producteur de bière en Chine.

D. L. avec AFP