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Accor négocie un prêt garanti par l’Etat pour les murs de ses hôtels

Sa filiale AccorInvest cherche à emprunter jusqu’à 500 millions d’euros garantis par l’Etat. Les banques demandent en contrepartie à Accor de renflouer AccorInvest d’ici à la fin de l’année.

Après Fnac-Darty et Air France, c’est au tour d’Accor de solliciter la caution de l’Etat pour emprunter auprès des banques. Le groupe hôtelier dispose de 2,5 milliards d’euros de cash et estime pouvoir tenir 12 à 18 mois, selon son PDG Sébastien Bazin. Mais sa filiale immobilière se retrouve dans une situation financière délicate. "Le problème d’Accor c’est AccorInvest" résume une source proche du groupe. Depuis 2017, cette société gère et loue 850 hôtels des marques Accor en Europe (Ibis, Pullmann, Novotel…) en échange de quoi il reçoit d’Accor des loyers pour leur exploitation. Mais depuis la crise, la foncière ne touche plus un euro…

Vers une augmentation du capital ?

Selon plusieurs sources, AccorInvest discute avec plusieurs banques françaises d’un prêt garanti par l’Etat (PGE) d’environ 400 à 500 millions d’euros. Les négociations sont en bonne voie et doivent aboutir dans les prochaines semaines. Elles n’incluent pas Bercy qui ne fait que valider les conditions remplies pour garantir le prêt. Mais AccorInvest est déjà endetté. Juste avant la crise, il a racheté les hôtels de la filiale polonaise d’Accor, Orbis, pour 1 milliard d’euros. Une transaction financée en totalité par emprunt.

Du coup, ce nouveau prêt surendette AccorInvest qui aura ensuite besoin de renflouer ses fonds propres pour rééquilibrer ses comptes. "Il y a une position commune des banques pour que le prêt soit suivi d’une augmentation de capital" assure un banquier. Comme chez Air France qui, en plus du prêt garanti par l’Etat de 7 milliards d’euros, s’est engagé à réaliser une augmentation de capital d’ici la fin de l’année. "Ce sujet est encore prématuré" explique un proche d’Accor, sans toutefois démentir la nécessité de recapitaliser d’ici quelques mois.

Colony sera de la partie

C’est finalement sur ce point que les négociations sont les plus concentrées. Les banques souhaitent qu’AccorInvest s’engage à renflouer ses caisses d’ici la fin de l’année pour lui accorder des crédits. Et pour un montant qui couvre largement plus le prêt garanti par l’Etat. Selon plusieurs sources, cette recapitalisation devrait atteindre entre 600 et 800 millions d’euros. Certaines banques demandent déjà jusqu’à 1 milliard d’euros alors que le montant ne sera pas fixé avant plusieurs mois.

Autre point encore en suspens : quels actionnaires seront prêts à participer au renflouement d’AccorInvest? Aux côtés d’Accor, qui détient encore 30%, sont présents le fonds américain Colony (20%), les fonds souverains d’Arabie Saoudite (20%) et de Singapour GIC (15%), ainsi que deux filiales du Crédit Agricole (Predica et Amundi pour 15%). Accor y participera ainsi que le fonds Colony, où le PDG d’Accor, Sébastien Bazin, a travaillé pendant quinze ans. Reste à savoir si les autres investisseurs suivront, notamment l’Arabie Saoudite, aussi actionnaire de l’hôtelier Accor. Pour Accor, l’enjeu est de les convaincre de réinvestir à ses côtés dans AccorInvest alors qu’ils ont déjà dépensé 4,4 milliards d’euros il y a deux ans.