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Aérien: des grèves en France et en Allemagne perturbent le ciel européen

L'allemand Lufthansa a été contraint d'annuler "plus de 800 vols", soit un avion sur deux.

L'allemand Lufthansa a été contraint d'annuler "plus de 800 vols", soit un avion sur deux. - Christof Stache - AFP

Entre la grève des personnels d'Air France et des débrayages dans plusieurs aéroports allemands qui pénalisaient notamment les vols Lufthansa, le trafic aérien s'annonce troublé ce mardi.

En Europe, le trafic aérien est perturbé ce mardi en raison de deux mouvements sociaux distincts en France et en Allemagne qui paralysent plusieurs aéroports et frappent les géants de l'aviation des deux pays.

En Allemagne, les débrayages organisés dans les aéroports de Francfort - plus grande plateforme du pays -, Munich, Cologne et Brême, ont contraint l'allemand Lufthansa à annuler "plus de 800 vols", soit un avion sur deux, affectant "environ 90.000 passagers".

Une grève "d'avertissement"

D'autres aéroports, comme ceux de Leipzig, de Hanovre et Hambourg ont été touchés par ricochet. Eurowings, filiale du géant aérien allemand est également concerné.

Il s'agit là d'une grève "d'avertissement" ponctuelle du personnel des aéroports destinée à peser sur les pourparlers salariaux dans la fonction publique qui doivent reprendre mi-avril. Cette tactique de négociation est classique en Allemagne, et dans certaines villes, les transports en commun, les crèches ou le ramassage des ordures sont aussi concernés et le seront au moins jusqu'au 15 avril.

Les voyageurs ont été prévenus dès lundi de l'annulation des vols et de l'absence de solution de repli, si bien que dans la matinée de mardi l'aéroport de Francfort n'était pas plongé dans le chaos.

6% d'augmentation réclamés en Allemagne et en France

Sybille Metzler, qui devait passer la journée à Amsterdam, a néanmoins tenté sa chance en venant à l'aérogare. "Je savais, mais je voulais voir si je pouvais y arriver, car avec le train ça ne va pas. Le monde n'est pas en train de s'écrouler, mais c'est tout de même dommage pour la réunion", dit cette femme de 41 ans qui travaille dans le contrôle de gestion.

Selon l'aéroport, les contrôles de sécurité sont restés fermés dans plusieurs zones d'embarquement, bloquant l'accès aux avions. Et là où ils sont ouverts "des temps d'attente prolongés sont à prévoir".

À Munich, deuxième aérogare du pays, la moitié des vols sont en retard où annulés, selon le syndicat Verdi.

Les syndicats réclament une hausse de 6% des salaires pour les 2,3 millions de contractuels de la fonction publique employés par l'État fédéral et les communes. Ils veulent aussi que cette augmentation se traduise par au moins 200 euros de plus par mois par personne.

Certains passagers compréhensifs

"S'il n'y a pas maintenant, en période de croissance économique forte, de progrès pour les salariés, y compris dans le public, quand auront-ils lieu ? Nous sommes décidés à y arriver", a martelé le patron de Verdi, Frank Bsirske, selon l'agence DPA.

Certains passagers se montraient compréhensifs, comme Ashley Gillham qui devait rejoindre Majorque avec deux collègues depuis la Nouvelle-Zélande via Francfort. Elle doit désormais prendre un train puis un avion pour atteindre sa destination finale.

"Ce n'est pas grave, mon escale aurait duré cinq heures de toute manière et comme ça j'ai pu boire une bière à huit heures du matin", explique cette cadre de Porsche de 40 ans, assurant "espérer" que les grévistes obtiennent gain de cause.

Au départ de la France, le trafic est perturbé par l'annulation de 25% des vols du géant aérien Air France, sixième épisode d'une grève pour les salaires lancée en février.

170 millions de pertes

Le groupe anticipe le maintien de seulement 65% de ses vols long-courriers, alors que 73% des moyen-courriers depuis et vers l'aéroport parisien de Roissy-Charles de Gaulle devraient pouvoir voler ainsi que 80% des court-courriers depuis Orly et en région.

Air France a estimé ses pertes à 170 millions d'euros en raison des sept jours de grèves qui ont touché la compagnie depuis le 22 février.

Onze syndicats ont appelé mardi et mercredi à deux nouveaux jours de grève pour réclamer 6% d'augmentation générale. La direction réplique que la dynamique de croissance n'est pas assez solide pour accorder de telles revalorisations, qu'elle chiffre à 240 millions d'euros par an.

Le conflit social chez Air France coïncide avec celui qui paralyse à intervalles réguliers le transport ferroviaire français depuis une semaine pour tenter de pousser le gouvernement à renoncer à sa réforme de l'entreprise publique SNCF et du statut des cheminots.

N.G. avec AFP