Aéroport de Paris se réinvente en galerie commerciale

Augustin de Romanet devrait voir sa nomination à la tête d’ADP officialisée dès demain. Il va prendre la direction d’un groupe qui, pour compenser la baisse du trafic aérien, mise sur les revenus issus des boutiques.
Cet énarque de 51 ans, qui fut secrétaire général adjoint de l'Elysée sous Jacques Chirac, va prendre en main une entreprise en pleine mutation. Son cœur de métier, le transport aérien, est un secteur très exposé aux aléas de la conjoncture économique. Depuis la crise de 2008, ADP doit en effet faire face à un ralentissement de son activité. Les mouvements d’avions commerciaux ont décliné de 781,3 millions en 2008 à 735,40 millions en 2011.
Le trafic passager est lui moins touché. Après un recul en 2009 (-4,7 %), une stagnation en 2010 (+0,8), il est reparti à la hausse l’année d’après. En 2011, 88 millions de passagers ont transité par les aéroports de Paris (+5,7%). La croissance à allure modérée s’est poursuivie sur les 9 premiers mois de l’année, avec un trafic en hausse de 1,3 %.
Miser sur les boutiques mode et gastronomie
Pour autant, le chiffre d’affaires de l'exploitant des aéroports de Roissy et d'Orly est à la hausse (+4,9 % pour s’établir à 1,97 milliard au 30 septembre). C’est en partie grâce à la volonté du groupe de développer ses activités commerciales et de services, qui constituent sa deuxième source de revenus. Ce secteur a généré un chiffre d’affaires de 663 millions, en hausse de 7,6 % par rapport à la même période sur 2011.
Mais c’est surtout le secteur des boutiques qui connait la plus forte croissance (259 millions, soit +12 ,9 %). Pour y parvenir, ADP a entamé depuis 2009 une extension des surfaces dédiées aux commerces de toutes sortes : bars, restaurants et boutiques doivent s’étendre sur 55 200 m2 en 2013 puis sur 59 400 m2 en 2015. ADP a aussi privilégié le développement des zones en Duty free. Ce secteur a ainsi généré 185 millions d’euros de loyers depuis le début de l’année (+13,9 %).
L’accent est aussi porté sur les commerces des secteurs comme la beauté, la mode, les accessoires et la gastronomie, à qui sont dévolus les meilleurs emplacements.
Les voyageurs semblent sensibles à ces améliorations et sont désormais plus enclins à ouvrir leur porte-monnaie. Alors qu’en 2007 ils dépensaient en moyenne 9 euros, en 2012 ce chiffre atteint 16,1 euros. Sur les terminaux de Charles de Gaulle, le chiffre d’affaires par passager culmine même à 29,8 euros, dopé par la présence des Chinois et des Russes, adeptes du shopping.