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Affaire Kerviel: les réactions politiques et économiques

Certains patrons, comme Jean-Louis Beffa, soutiennent Jérôme Kerviel dans sa mise en cause des responsabilités de Société générale.

Certains patrons, comme Jean-Louis Beffa, soutiennent Jérôme Kerviel dans sa mise en cause des responsabilités de Société générale. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

Nombre de personnalités du monde politique et économiques se sont réjouies, ce 19 mars, que la Cour de Cassation ait cassé une partie de la condamnation de l'ex-trader de Société Générale, Jérôme Kerviel.

Jérôme Kerviel n'était pas au Palais de justice de Paris, ce 19 mars. Il a entamé il y a trois semaines un pélerinage entre Rome et Paris, une "marche contre la tyrannie de la finance", a-t-il précisé. Actuellement dans le nord de l'Italie, l'ex-trader a donc appris le résultat de son pourvoi en cassation par téléphone.

La cour suprême a maintenu ses trois ans de prison ferme, mais elle l'a soulagé des 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts. Quand son avocat lui a transmis cette décision, il est resté impassible, accueillant la nouvelle par un hochement de tête, comme l'ont constaté les caméras de BFMTV.

L'ancien courtier de Société Générale, à qui la banque reproche de lui avoir fait perdre des milliards d'euros via des opérations financières masquées, s'est montré plus disert sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, une heure après le rendu de la décision de la Cour de Cassation, il a évoqué une "énorme victoire".

Les réactions du monde politique et économique, elles, ont été plus immédiates sur cette affaire qui empoisonne la Société générale depuis six ans maintenant.

> La députée écologiste et ancienne juge, Eva Joly

"Chacun comprend que ce n'est pas parce que Société générale prétend que ses pertes sont de 4,9 milliards que nous sommes obligés de la croire, compte tenu de l'histoire de la banque et de ses dix affaires en cours (la banque fait l'objet d'enquête dans l'affaire du libor, de l'euribor, de la manipulation des monnaies, etc., ndlr). J'espère une expertise ordonnée par la cour d'appel de Versailles et confiée à des experts nullement liés aux banques. Et il va falloir les chercher…"

> Jean-Louis BEFFA, président d'honneur de St Gobain

"Je n'arrive pas à croire que personne dans l'entreprise ne savait ce qu'il faisait. Il y avait indiscutablement dans les très hauts dirigeants de l'entreprise des personnes qui donnaient une grande importance à des activités largement spéculatives.

La thèse de la finance au service du monde de l'entreprise n'est pas vraie. Une partie de la finance est purement spéculative, il faut la réguler. Mais leur puissance de lobbying est terriblement forte, même en France"

> Eric Delannoy, vice-président du cabinet Weave

"Le problème, c'est que Société Générale n'était pas la seule maison à avoir la fenêtre ouverte. Il faisait beau dehors, toutes les maisons avaient la fenêtre ouverte. Il se trouve que le cambrioleur est entré dans la maison Société Générale. Si cela avait été BNP ou toutes autres banques, cela se serait passé exactement de la même manière dans le contexte d'avant-crise. Il ne faut pas confondre les négligences évidentes d'un système de contrôle qui n'était pas jugé important et un individus qui a commis des malversations."

> La journaliste Olivia Dufour, auteur du livre "Kerviel, enquête sur un séisme financier"(Editions Eyrolles)

"On a d'un côté quelqu'un qui a rentré plusieurs centaines de fausses opérations pour dissimuler ses opérations et de l'autre des services de contrôle inefficients. Donc on peut soutenir que Jérôme Kerviel ne devrait rien leur devoir. Mais pour les victimes à venir, cette jurisprudence risque d'être problématique si vous n'avez pas fermé votre porte et que vous vous êtes fait cambrioler."

N.G.