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Transports

Affaire Nissan : Carlos Ghosn de nouveau inculpé

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- - Ludovic Marin- AFP

Carlos Ghosn, qui arrivait lundi au bout de sa garde à vue au Japon sur des accusations de détournement de fonds de Nissan, a été de nouveau inculpé, pour abus de confiance aggravé.

Quatrième mise en examen de Carlos Ghosn ! L'ancien PDG de l'alliance automobile Renault-Nissan a de nouveau été inculpé ce lundi. Ses avocats ont prévenu qu'ils déposeraient aussitôt une demande de remise en liberté.

Depuis sa ré-arrestation le 4 avril à son domicile de Tokyo, un mois à peine après avoir quitté la prison sous caution, l'homme de 65 ans était interrogé sur des transferts d'argent émanant du groupe nippon, à un distributeur de véhicules du constructeur à l'étranger, plus exactement à Oman. Dans un communiqué, Nissan a annoncé une action en justice, "réclamant des sanctions d'une sévérité appropriée" face à "une faute totalement inacceptable".

De l'avis des experts, il s'agit des éléments les plus graves qui sont reprochés à Carlos Ghosn à ce jour, cinq mois après son interpellation initiale qui a scellé sa chute, le 19 novembre dans la capitale japonaise. D'après des sources proches du dossier, cet argent a été injecté via une société au Liban dans un fonds contrôlé par son fils Anthony aux Etats-Unis, Shogun Investments LLC, qui l'aurait réinvesti dans quelque 30 firmes. D'autres entreprises "coquilles vides" ont été identifiées sur une période remontant à plus loin.

Appel à Donald Trump

L'argent aurait également servi à l'achat d'un luxueux bateau, d'un coût de 12 millions d'euros, baptisé "Shachou" (prononcer "shatchô", patron en japonais). L'épouse de Carlos Ghosn a été entendue à ce sujet par la justice japonaise, en tant que dirigeante de la compagnie "Beauty Yachts", enregistrée dans les Iles vierges britanniques, qui a effectué la transaction.

Carole Ghosn avait déjà pris la parole depuis le début de l'affaire pour dénoncer les conditions de détention de son mari, mais elle a accentué son offensive dans les médias ces dernières semaines, en appelant aux plus hautes autorités politiques.

D'abord rentrée en France, sous le choc de l'arrestation de Carlos Ghosn à l'aube "par plus d'une dizaine de membres du bureau des procureurs", elle a adressé un message au président Emmanuel Macron.

Puis, après un aller-retour express à Tokyo pour son audition par les enquêteurs, elle a pris la direction des Etats-Unis dont elle détient la nationalité, demandant cette fois à Donald Trump d'intervenir.

Depuis son arrestation, Carlos Ghosn martèle la théorie du complot parlant de "distorsion de la réalité". L'ex-PDG, qui a hissé Renault-Nissan-Mitsubishi Motors au sommet, avait déjà été inculpé à trois reprises.

Il avait été relâché le 6 mars après 108 jours dans le centre de détention de Kosuge (nord de Tokyo), moyennant le versement d'une caution d'un milliard de yens (8 millions d'euros), et assigné à résidence. Il devra le cas échéant s'acquitter d'une deuxième caution, après cette nouvelle inculpation.

La rédaction avec AFP