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Affaire "Pétrole contre nourriture": Total et son PDG devant la justice

Le groupe Total et son actuel PDG Christophe de Margerie sont poursuivis dans l'affaire du programme "Pétrole contre nourriture"

Le groupe Total et son actuel PDG Christophe de Margerie sont poursuivis dans l'affaire du programme "Pétrole contre nourriture" - -

Le groupe pétrolier comparaît lundi 21 janvier dans l'affaire du programme de l'ONU "Pétrole contre nourriture", détourné par le régime irakien entre 1996 et 2003. Son actuel PDG, Christophe de Margerie, est également poursuivi.

Voilà un procès qui risque d’être explosif. Lundi 21 janvier, Total, son actuel PDG Christophe de Margerie, et 18 autres personnes –dont Charles Pasqua- seront jugés dans l'affaire du détournement du programme "Pétrole contre nourriture", mis en place par l'Onu entre 1996 et 2003 dans l'Irak de Saddam Hussein.

Le pétrolier français, mis en examen depuis 2010 comme personne morale, devra répondre des chefs de "corruption" et "complicité et recel de trafic d'influence", contre l'avis du parquet, qui avait requis un non-lieu.

La compagnie de trading pétrolier Vitol, l'une des plus importantes au monde, est également renvoyée devant le tribunal correctionnel de Paris.

Le programme détourné par le régime irakien

En vigueur de 1996 à 2003, le programme "Pétrole contre nourriture", avait été conçu par les Nations unies pour atténuer les effets sur la population d'un embargo économique imposé à l'Irak après l'invasion du Koweït en 1990. Il permettait à Bagdad de vendre une quantité limitée de pétrole, sous contrôle strict de l'ONU, en échange d'aide humanitaire et de biens de consommation. Mais il s'est avéré que le régime irakien avait détourné ce programme et empoché 1,8 milliard de dollars par le biais de ventes parallèles et surfacturations.

D'une part, les dirigeants irakiens attribuaient des barils à des personnalités "amies", qui recevaient des commissions lors de la revente du pétrole en contrepartie de leur lobbying en faveur de la levée des sanctions. D'autre part, le régime irakien exigeait des compléments de prix (surcharges) par rapport aux tarifs déclarés à l'ONU et empochait la différence par le biais d'intermédiaires et sociétés écrans.

Total nie toute malversation

Les détournements avaient été détaillés en 2004 par une commission indépendante, conduite par l'Américain Paul Volcker, qui mettait en cause quelque 2 200 entreprises susceptibles de s'être rendues complices des malversations. 66 pays étaient concernés.

En France, l'enquête a mené au groupe Total, soupçonné d'avoir sciemment payé des surfacturations illégales afin d'obtenir des contrats et acheté du brut provenant d'allocations illicites à des personnalités. Sur ces deux aspects, le groupe nie toute malversation, intention frauduleuse ou violation d'embargo.

Total est poursuivi comme personne morale et plusieurs de ses cadres sont également jugés. Son PDG actuel, Christophe de Margerie, devrait lui aussi affirmer à l'audience n'avoir rien à voir dans cette affaire.

BFMbusiness.com avec agences