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Affecté par le coronavirus, le secteur de l'événementiel tire la langue

En France, et plus largement dans le monde entier, de nombreux événements professionnels sont annulés ou reportés, fragilisant un peu plus un secteur déjà touché par la crise des gilets jaunes, l'année dernière.

Accélérateurs de la mondialisation et vecteurs d'affaires, mais potentiellement aussi de la diffusion du coronavirus: salons et conférences professionnels sont massivement reportés ou annulés, ou remplacés par des évènements sur internet.

Avant même que le Covid-19 ne commence à se répandre sur une grande échelle en Europe, l'annulation le 12 février du Mobile World Congress de Barcelone avait créé un précédent pour les grands rassemblements internationaux.

Cinq jours plus tard, le salon automobile de Pékin, principal rendez-vous de l'année sur le plus gros marché mondial de la voiture, prévu fin avril, est repoussé sine die. Au total, plus de 140 salons professionnels ont été annulés ou reportés en Chine continentale, selon le site spécialisé allemand Meetexpo. A travers le monde, 428 salons professionnels l'ont été, selon le même site qui est partenaire de l'UFI, l'association mondiale regroupant les organisateurs de salons.

Un milliard de pertes en Allemagne

En Italie, pays européen le plus touché, l'association Federcongressi & eventi avait estimé le 23 février à plus d'1,5 milliard d'euros la perte pour cette filière en un mois en Lombardie, Vénétie et Emilie-Romagne.

En Allemagne, rien qu'au cours des deux dernières semaines, "c'est une perte de chiffre d'affaires de plus d'un milliard d'euros", a déclaré à l'AFP Kai Hattendorf, directeur général de l'UFI. Parmi les évènements annulés se trouve le Salon du tourisme de Berlin, qui assure être le plus gros du monde pour ce secteur.

Reports en masse

En France, l'organisation représentative des acteurs de la rencontre professionnelle, Unimev, se disait mercredi incapable d'évaluer l'impact financier de la crise. Toutefois, "on est plus dans le report que dans l'annulation", explique à l'AFP Claire Valair, sa responsable de la communication. "On a beaucoup de reports pour le mois de mai, mais je ne sais pas si on sera en sortie de crise au mois de mai", note-t-elle aussi.

Reste qu'après la crise des gilets jaunes, qui avait fait perdre 20% du chiffre d'affaires du secteur au premier trimestre 2019, cette épidémie fragilise un peu plus l'évènementiel. 

Le nombre de visiteurs au Salon de l'Agriculture, par exemple, est passé sous la barre des 500.000. Pour les participants, cela représente une perte de 10% à 15% de chiffre d'affaires. Et avec les annulations en série de salon, l'association LÉVÉNEMENT, qui fédère près de 80% des acteurs du marché, s'inquiète : sans soutien financier public dit-elle, les 335.000 emplois de la filière seront menacés.

Le virtuel, roue de secours ou solution durable ?

Le problème est moindre pour les grands groupes, qui organisent au besoin leurs propres évènements. Plusieurs modèles de voitures qui devaient être dévoilés au Salon de Genève ont ainsi fait l'objet d'une présentation sur internet.

La communication à distance ainsi le vent en poupe au moment où les grands rassemblements de personnes sont proscrits. Laurent Chrétien, directeur général du salon Laval Virtual prévu le 22-26 avril, dit "étudier la virtualisation de tout ou partie des conférences" prévues lors de cette manifestation d'ampleur européenne, grâce à des masques de réalité virtuelle et au streaming.

Mais l'avènement de ces nouveaux outils n'est pas synonyme de déclin pour les salons, assure Kai Hattendorf de l'UFI pour lequel l'internet est au contraire "l'un des plus gros moteurs de croissance pour les salons et conférences".

Reste que le passage en virtuel pour cause de coronavirus des réunions de printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, qui drainent habituellement des dizaines de milliers de personnes à Washington, a été salué par des employés de la Banque.

Ces derniers espèrent pouvoir pérenniser ce format, non pour des raisons sanitaires, mais pour protéger l'environnement, selon une information de Devex, plate-forme spécialisée dans le développement durable.

Thomas Leroy avec AFP