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Les smartphones font le malheur des moutons et des poules

Un scientifique propose de transformer les quadrupèdes en bornes wifi pour combler l’absence de réseaux en milieu rural. Il fallait y penser.

Un scientifique propose de transformer les quadrupèdes en bornes wifi pour combler l’absence de réseaux en milieu rural. Il fallait y penser. - P. Medina (AFP)

Pour permettre à tous les ruraux d'accéder au web mobile, un scientifique propose d’installer des bornes Wifi sur des moutons. Cette idée pourrait fait hurler les défenseurs des animaux qui soulignent que les poules placées près des antennes relais arrêtent de pondre.

Depuis ce week-end, Paris vit au rythme de l’agriculture. Ce rendez-vous qui rassemble tous les Français venus par centaine de milliers voir les animaux et manger les produits de la ferme. Rien de technologique dans tout cela. Sauf que depuis quelques jours, les animaux de la ferme sont au coeur d'une polémique en lien avec la high-tech. D’un côté avec des moutons, de l’autre avec des poules.

Des bornes WiFi en pure laine vierge

Commençons par les ruminants à qui un Britannique a trouvé un nouveau rôle : améliorer l'accès à l'internet mobile dans les zones rurales. C’est l’idée d’un chercheur de l’université de Lancaster, le professeur Blair, qui propose d’équiper les troupeaux de colliers Wifi. Car ces objets connectés ne serviront pas seulement à les surveiller mieux que ne le font les chiens de berger. L’idée est surtout de transformer les quadrupèdes en bornes wifi pour combler l’absence de réseaux dans les zones où ils paissent. Il fallait y penser.

Vont-ils supporter cette exposition aux ondes ? C’est la vraie question. Car les poules, elles, ne les supporteraient pas. C’est ce qu’a constaté un couple qui élève des poules pondeuses à Comblot dans l’Orne. Une histoire révélée par Ouest-France.

Haut dépit pour poules pondeuses

En 2010, avant l’installation d’antennes relais non loin du poulailler les gallinacés pondaient chaque jour plus d’un millier d’oeufs. Depuis, la production est tombée à une centaine. A tel point que la petite exploitation est en redressement judiciaire.

Après avoir étudiée toutes les explications possibles, la réponse s’est imposée. Les antennes environnantes créent des ondes qui, selon les mesures effectuées par des experts, atteignent 0,5 volt par mètre quand le seuil fixé par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) est de 0,6 v/m. Pour Philippe Hauffman, le spécialiste qui a réalisé ces mesures, "il n’y a pas de risque pour l’homme, mais pour des poules de 2,5 kg, ça peut être dangereux."

Sylvie Gasnier, l’éleveuse des poules, veut que son expérience serve aux autres. "Je veux être un lanceur d’alerte" a-t-elle déclaré à Ouest-France. Désormais, l’affaire est suivie de près par la Chambre d’agriculture de l’Orne. Son directeur général, Arnaud Bernadac, affirme que les analyses réalisées par ses équipes ne montrent rien d’anormal.

Et avant de lancer une alerte, il appelle à l’apaisement. "Il ne faut pas effrayer les éleveurs et les habitants avec les ondes", a -t-il lancé. Évidemment, mais, depuis que les Gasnier ont vendu leurs poules à des personnes qui vivent loin des antennes, elles se sont remises à pondre.

Pascal Samama