BFM Business
Transports

Air France-KLM dans le brouillard pour choisir son nouveau patron

Alors que la candidature de Philippe Capron devait être avalisée par le conseil d'administration du groupe ce mardi, ce choix serait remis en cause par l'État et les partenaires de la compagnie.

Les nuages reviennent dans le ciel d'Air France-KLM. La semaine passée pourtant on commençait à y voir plus clair. La presse avait dévoilé le nom de Philippe Capron, actuel directeur financier de Veolia, comme favori pour prendre la tête du groupe aérien. L'énarque aurait en effet les faveurs du comité de nomination, présidé par la patronne par intérim d'Air France-KLM, Anne-Marie Couderc. Mais, alors qu'il devait être présenté ce mardi au conseil d'administration, la rencontre aurait été annulée, selon les informations de La Tribune.

Philippe Capron aurait "de fortes chances d'être recalé", d'après le journal, sa candidature ne plairait ni à l'État, ni aux partenaires du groupe (KLM et Delta), ni au groupe AccorHotels qui ambitionne de racheter la part de l'État dans le capital du groupe (14%).

Bruno Le Maire aurait reçu Anne-Marie Couderc pour lui demander de "poursuivre le travail de recherche d'un candidat afin de parvenir à un consensus" pour satisfaire tout le monde, écrit Le Figaro. L'État reproche au comité son manque de transparence dans le processus de nomination, une accusation qui n'a pas plu à ses membres.

Un patron avec une expérience dans l'aérien

Si la candidature de Philippe Capron rencontre tant d'opposition, c'est à cause de son manque d'expérience dans le transport aérien. Jean-Cyril Spinetta, Alexandre de Juniac, Jean-Marc Janaillac... les précédents patrons d'Air-France KLM de ces dernières années sont tous des énarques, arrivés à ce poste sans forcément avoir une grande expérience du secteur. Ce schéma a fait l'objet de nombreuses critiques, le gouvernement voudrait le changer.

Problème, le poste n'est pas nécessairement attractif. Entre les conflits sociaux à répétition dans le groupe -dont le dernier en date à coûté la démission de Jean-Marc Janaillac le 7 mai après l'avoir mise en jeu dans un référendum- et la rémunération faible par rapport au secteur (600.000 euros fixe contre 800.000 chez EasyJet par exemple), trouver un candidat plus expérimenté peut s'avérer difficile.

En outre, cet épisode pourrait être l'occasion de changer de gouvernance. Les Néerlandais de KLM réclament notamment une séparation entre les postes de PDG d'Air France et d'Air France-KLM. La manœuvre pourrait avoir la vertu d'éloigner les problématiques françaises et "de dénicher un patron du groupe avec une stature et une vision internationale, un professionnel du transport aérien pour changer la compagnie", analyse La Tribune.

Au milieu de ce brouillard, les ambitions d'AccorHotels rajoutent un élément d'inquiétude chez les administrateurs. La présence de plusieurs actionnaires étrangers dans le groupe hôtelier pose de toute façon problème. La législation prévoit qu'une compagnie européenne doit être détenue à plus de 50% par des capitaux européens.

J.-C.C.