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Transports

Airbus à l'affût d'opportunités dans le secteur de la Défense

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- - Lionel BONAVENTURE - AFP

Guillaume Faury, à la tête du constructeur aéronautique européen, estime dans une interview à la Tribune que son groupe doit "rééquilibrer la proportion entre civil et militaire".

Airbus pense à l'après-Covid. Le constructeur européen, durement touché par la crise du coronavirus, avait publié la semaine passée une perte nette de près de 2 milliards d'euros au premier semestre et un chiffre d'affaires en chute de 39%. "Avec la compréhension que nous avons aujourd'hui de l'environnement général, de l'évolution de la pandémie, de la façon dont l'ensemble de l'écosystème de l'aviation civile est en train de s'adapter, le plus dur est a priori derrière nous", assure son PDG Guillaume Faury, dans une interview dévoilée ce lundi par la Tribune.

"D'autres facteurs négatifs peuvent encore se produire" et "l'environnement reste encore très incertain", nuance-t-il néanmoins, évoquant "d'autres difficultés", notamment les tensions croissantes entre la Chine et les Etats-Unis et appelant à la prudence. Guillaume Faury, qui loue le "travail monumental d'adaptation" qu'a effectué le groupe pour répondre à la crise "sans précédent" du coronavirus, estime qu'Airbus doit se tenir prêt "à faire face à de nouveaux événements défavorables".

Et regarder du côté de la défense. "Nous avons tous en tête l'échec de la fusion en 2012 entre EADS [devenu Airbus Group en 2014] et BAE Systems [le rapprochement aura donné naissance au numéro 1 mondial de l'aéronautique et de la défense, ndlr]. Huit ans ont passé depuis, et il est donc difficile de spéculer sur ce qui aurait pu advenir si cette fusion avait eu lieu. Mais il est fort probable que notre résilience face à une crise telle que le COVID-19 aurait été bien meilleure avec cet équilibre civil/défense", assure Guillaume Faury.

"Une correction très violente sur l'aviation civile"

"Nous subissons une correction très violente sur l'aviation civile" et, "en parallèle, il y a des tensions internationales fortes, qui entraînent des budgets de défense à la hausse après des années de baisse, y compris en Europe", poursuit-il. "Sans parler de grands projets d'acquisition, il va y avoir une croissance des activités de défense doublée d'une correction sur le civil à court terme, pour rééquilibrer la proportion entre civil et militaire" dans le modèle d'Airbus.

"Avant le Coronavirus, j'avais dit qu'à long terme, les activités de défense, espace et hélicoptères sont tout à fait à leur place dans le groupe Airbus et le resteront, et c'est encore plus vrai après le Covid. S'il y a des opportunités dans le futur de se renforcer dans ces activités, on le fera. Pas dans le feu de l'action, mais cela fait partie des choses qu'on a en tête", avance Guillaume Faury, qui estime les opportunités d'opérations "vont commencer à émerger en 2021, 2022".

Par ailleurs, le patron du groupe aéronautique a refusé de prendre des engagements sur l'absence de départs contraints dans le cadre de son plan social, comme le lui avait demandé la ministre déléguée à l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher.

Jérémy Bruno