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Airbus A380, Boeing 747... Comment le coronavirus a accéléré la fin des géants des airs

Un Boeing 747 ravitaillé à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle

Un Boeing 747 ravitaillé à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle - JACK GUEZ / AFP

Si la mort de ces avions était déjà programmée compte tenu des évolutions du marché, l'épidémie a été un catalyseur.

Après l'arrêt de la production de l'A380, le gros porteur de Airbus qui n'a jamais décollé commercialement, c'est aujourd'hui le mythique 747 de Boeing qui tire doucement sa révérence après 50 ans de bons et loyaux services et 1.571 appareils vendus.

British Airways vient ainsi d'annoncer le retrait de sa flotte (5 appareils), après bien d'autres compagnies aériennes comme l'allemand Lufthansa.

Ces géants des airs ne sont plus adaptés à la nouvelle donne du tourisme mondial notamment en termes d'écologie, de consommation de carburant... Mais leur mort programmée a clairement été accélérée par l'épidémie de coronavirus qui a terrassé les acteurs du secteur. Un exemple: le géant américain Delta Airlines a essuyé presque 6 milliards de dollars de pertes au premier trimestre avec un trafic en chute de 90%.

Des avions trop compliqués à gérer

"Le coronavirus est un accélérateur", tranche pour l'AFP Rémy Bonnery, expert aéronautique au cabinet Archery Consulting. Le virus est donc venu appuyer sur une plaie déjà béante, selon lui: que ce soit le 747 de Boeing ou l'A380 d'Airbus, ces avions "sont beaucoup plus difficiles à gérer au sein d'une flotte. (...) Ce ne sont pas les avions les plus faciles à remplir, ils ont un niveau de consommation supérieur".

Et il n'y aura pas de retour en arrière. Les gros porteurs semblent aujourd'hui définitivement appartenir au passé. "Il est évident que dans les prochaines années on ne va pas aller vers des avions très gros porteurs", souligne Rémy Bonnery, ajoutant que "le travail des avionneurs va surtout se focaliser sur les courts courriers et mono-couloirs capables de faire du long courrier".

"Déjà avant la crise, on a connu un mouvement qui allait vers des avions plus petits et plus flexibles", aux coûts moins élevés et capables d'effectuer des trajets très différents, encourageant les compagnies a prévoir des retraits anticipées, poursuit-il.

Seul l'A380 devrait encore voler quelques années. Emirates, son plus gros client a annoncé qu'il continuait l'exploitation de l'appareil qui a effectué son premier vol il y a tout juste 15 ans. Mais le président de la compagnie Tim Clark considère qu'avec la pandémie, un géant des airs comme l'A380 est à terme "fini".

Olivier Chicheportiche avec AFP